À l’issue de son mandat à la tête de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), Moumouni Guindo a remis le rapport final de l’institution aux autorités maliennes. Un document inédit qui revient sur huit années de lutte anticorruption, marquées par des avancées, mais aussi de sérieuses failles à corriger.
Depuis sa création, l’OCLEI a traité 63 dossiers de corruption sur une centaine reçue, impliquant près de 40 personnes et la découverte de 500 biens immobiliers. Le montant cumulé en jeu avoisine les 32 milliards de francs CFA. Parallèlement, environ 2 000 déclarations de patrimoine ont été recueillies, en grande partie grâce à un protocole signé avec la Cour suprême.
Mais derrière ces chiffres, le rapport souligne une tendance préoccupante : la chute drastique des déclarations de biens. Alors qu’elles s’élevaient à 629 en 2018, seules 60 ont été enregistrées en 2022 et 2023, soit une baisse de plus de 90 % en cinq ans. Une alerte déjà lancée dans un précédent rapport remis au chef de l’État.
Outre ses activités de contrôle, l’OCLEI s’est également illustré sur le terrain de la prévention : campagnes de sensibilisation, conférences, mobilisation des jeunes et des leaders religieux. L’institution a également pris part aux travaux préparatoires de la Constitution promulguée en juillet 2023.
À l’international, l’Office a signé 12 accords bilatéraux pour mieux suivre les flux financiers et mobilisé 15 milliards de francs CFA en ressources extérieures. Il a par ailleurs mené sept études sur la transparence et les mécanismes de prévention de la corruption.
Lors de la présentation du rapport, Moumouni Guindo a dénoncé une faiblesse juridique majeure : l’absence du mot « corruption » dans les textes fondateurs de l’OCLEI. Il recommande une mise à jour législative pour se conformer aux normes internationales et étendre le champ d’action de l’institution au secteur privé, encore non concerné.
Le Premier ministre a salué un « bilan élogieux » et assuré que la lutte contre l’enrichissement illicite reste une priorité pour les autorités de la Transition. Aucun successeur n’a encore été annoncé, mais la continuité des missions de l’OCLEI semble d’ores et déjà garantie.