La capitale togolaise, Lomé, a basculé ce 26 juin 2025 dans une atmosphère de tension extrême. À l’appel d’acteurs de la diaspora, de blogueurs, d’artistes et de journalistes, la ville a connu des mouvements de contestation inédits, auxquels le régime a opposé une riposte sécuritaire massive. En toile de fond, une coupure totale d’internet décrétée par les autorités pour tenter d’entraver la mobilisation.
Dès les premières heures du jour, Lomé s’est figée dans une immobilité inhabituelle. Les rues, habituellement animées, étaient désertes ; la circulation quasi absente, et la plupart des commerces avaient gardé portes closes. La prudence dominait chez les habitants, restés pour beaucoup à l’abri.
Partout en ville, le dispositif sécuritaire impressionnait. Plusieurs policiers, gendarmes, militaires, agents en civil occupaient les principaux carrefours – Attikoumé, GTA, marché de Bè, Colombe de la Paix, Akodesséwa, Agoè. Aux abords de la présidence, les forces de l’ordre verrouillaient tous les accès, ce qui renforçait le sentiment d’un centre-ville placé sous surveillance totale.
Dans le quartier de Tokoin-Nyekonakpoè, des barricades de fortune installées dans la nuit ont vite été démantelées. Par endroits, des heurts sporadiques ont éclaté entre manifestants et forces de sécurité, ces dernières recourant à des grenades lacrymogènes pour disperser les attroupements. Des pneus brûlés et quelques échauffourées ont ponctué la matinée, forçant de nombreux commerçants à rester prudents.
Internet coupé, le silence imposé
Pour casser l’élan de la contestation et désorganiser la mobilisation, le gouvernement togolais a suspendu l’accès à internet, aussi bien sur les réseaux mobiles que sur les lignes fixes. Une méthode déjà utilisée lors de précédentes crises et aussitôt dénoncée par les organisateurs et par les défenseurs des libertés numériques, qui y voient une atteinte grave à la liberté d’expression et au droit à l’information.
Ce regain de mobilisation intervient dans un contexte explosif. Beaucoup de Togolais rejettent la réforme constitutionnelle du 6 mai 2024, qui a fait basculer le pays vers un système parlementaire. Pour l’opposition et la société civile, cette transformation n’est qu’un habillage destiné à pérenniser le pouvoir de Faure Gnassingbé, devenu président du Conseil des ministres et chef incontesté du parti au pouvoir.
Depuis son arrivée à la tête de l’État en 2005, Faure Gnassingbé fait face à des accusations récurrentes de verrouillage institutionnel et de répression des voix discordantes.