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Le scandale de corruption qui secoue l’OTAN

Alors que l’Europe connaît une accélération sans précédent de son réarmement, une affaire de corruption d’envergure éclabousse l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le scandale, révélé par une série d’enquêtes journalistiques, dévoile un vaste système de pots-de-vin et de marchés truqués au sein de l’Agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN (NSPA), l’un des organes centraux de l’alliance.

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Finlande - OTAN
Finlande - OTAN @ EURACTIV.fr
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Créée en 1949, l’OTAN regroupe aujourd’hui 32 pays d’Europe et d’Amérique du Nord, unis autour d’un objectif commun, celui d’assurer la sécurité collective de leurs membres. Pour coordonner leurs efforts militaires, ces États s’appuient sur plusieurs organes, dont la NSPA, basée au Luxembourg, qui gère les achats, la maintenance et la logistique des équipements militaires. C’est précisément dans cette structure que la tempête a éclaté.

Selon le quotidien Libération, la NSPA a supervisé en 2023 plus de trois milliards d’euros d’achats d’équipements, un montant porté à sept milliards en 2024. Ces chiffres devraient encore croître dans les années à venir, sous l’effet du réarmement européen face à la menace russe. Mais derrière ces budgets colossaux se cacherait un réseau de corruption sophistiqué.

En mai dernier, des perquisitions coordonnées ont été menées dans plusieurs pays membres — Espagne, Italie, Suisse, Belgique, Pays-Bas, États-Unis — ainsi qu’au Luxembourg, siège de l’agence. Les enquêteurs s’intéressent à des irrégularités dans l’attribution de contrats d’armement, repérées à la suite de signalements internes à la NSPA. Les investigations menées par La Lettre, Le Soir, Knack et Follow the Money révèlent que des employés et prestataires de la NSPA auraient truqué des appels d’offres en échange de pots-de-vin de plusieurs millions d’euros. Certains responsables auraient orienté l’attribution de contrats vers des entreprises précises, moyennant des versements illégaux.

Parmi les personnes interpellées figure Scott Willon, ancien militaire américain devenu consultant en défense, soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire entre un industriel turc et une société italienne. Selon les enquêteurs, Willon aurait perçu près d’un million d’euros, dont une partie — environ 115 000 euros — aurait été reversée à un agent turc de la NSPA, Ismaël Terlemez. Ce dernier aurait favorisé une entreprise italienne pour un contrat de 107 millions d’euros.

L’affaire a pris une tournure inattendue lorsque la procureure adjointe américaine Gil Slatter, proche de Donald Trump, a abandonné toutes les poursuites contre Willon et Terlemez, sans explication publique. L’avocat de l’ancien cadre de la NSPA a dénoncé des accusations « injustifiées et infondées », évoquant une carrière « irréprochable ».

Ce scandale survient dans un contexte de forte tension géopolitique et de budgets militaires en hausse constante. L’Organisation Transparency International a rappelé que le secteur de la défense, par nature opaque et hautement sensible, reste particulièrement exposé à la corruption. Les procédures de transparence y sont souvent limitées pour des raisons de sécurité nationale, ce qui accroît les risques de dérives.

Si aucun haut responsable de l’OTAN n’a encore été directement mis en cause, l’organisation a indiqué ne pas vouloir commenter l’affaire afin de ne pas interférer avec les enquêtes en cours. Mais le malaise est profond.

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