Bénin: le commandant de la garde nationale revient en détail sur la mutinerie du 7 décembre
Dans un entretien accordé à RFI, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, commandant de la Garde républicaine, revient en détail sur l’attaque menée dans la nuit du dimanche 7 décembre 2025 contre la résidence du président Patrice Talon à Cotonou.

Pour la première fois, l’officier expose la chronologie des faits, la riposte de son unité et l’appui international mobilisé pour neutraliser les assaillants.
Tout commence à 2h10 lorsque deux hauts gradés, le général Bertin Bada puis le général Abou Issa, signalent être pris pour cible à leur domicile par des hommes armés et cagoulés. « J’ai compris immédiatement qu’il ne s’agissait pas d’actes isolés », explique le colonel, qui déclenche aussitôt l’alerte maximale.
Vers 5h, les mutins présentés comme des éléments des Forces spéciales du lieutenant-colonel Tigri passent à l’offensive contre la résidence présidentielle où se trouvent le chef de l’État et son épouse.
Le colonel Tévoédjrè évoque quarante-cinq minutes d’affrontements extrêmement intenses, blindés contre blindés et tirs nourris dans les ruelles adjacentes. La Garde républicaine parvient à repousser l’assaut. Un mort et un blessé sont enregistrés dans les rangs loyalistes.
Repoussés, les mutins se dirigent vers la télévision nationale où ils diffusent brièvement un message avant de battre en retraite vers la base militaire de Togbin.
La zone est encerclée, mais un assaut au sol est écarté en raison de la proximité des habitations. En fin de journée, des frappes ciblées menées par un appareil nigérian neutralisent leurs capacités offensives.
Le colonel confirme l’intervention de partenaires extérieurs, notamment un avion de combat nigérian et un appareil français de reconnaissance.
Des éléments des Forces spéciales françaises, arrivés d’Abidjan, ont également appuyé le ratissage final de la base de Togbin. Sur de possibles commanditaires, l’officier reste réservé : « Les services compétents mèneront les enquêtes. »
Concernant les critiques émises par les mutins sur la gestion du front nord, le commandant évoque des arguments « fallacieux » et rappelle les investissements militaires réalisés ces dernières années, ainsi que les dispositifs mis en place pour soutenir les familles des soldats tombés.
Il insiste sur la cohésion de l’institution militaire : « Quelles que soient les divergences dans le pays, l’armée reste une et indivisible. »
Même si le chef des mutins reste en fuite, le colonel Tévoédjrè affirme que la situation est totalement sous contrôle. « Nous ne sommes pas inquiets. Si demain ils devaient recommencer, nous ferions face », déclare-t-il.

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