Allemagne: expulsion de 81 Afghans condamnés
Vendredi 18 juillet 2025, le gouvernement allemand a procédé à l’expulsion de 81 Afghans condamnés par la justice, dans le cadre d’un durcissement marqué de sa politique migratoire. Cette décision, impulsée par le chancelier Friedrich Merz, a été dénoncée par l’ONU et des ONG, qui craignent pour la sécurité des expulsés dans leur pays d’origine dirigé par les talibans.

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Vendredi, un avion affrêté par le gouvernement allemand a décollé avec à son bord 81 Afghans, tous condamnés pénalement, en direction de leur pays d’origine. Cette opération, deuxième du genre depuis l’été dernier, a été officiellement annoncée par le ministère de l’Intérieur comme un message clair. Selon le gouvernement, l’Allemagne ne tolérera plus la présence de délinquants étrangers sur son sol.
« Les auteurs d’infractions graves n’ont pas le droit de séjourner dans notre pays », a martelé le ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt. Ce dernier dénonce des condamnations pour violences sexuelles, homicides, incendies criminels ou trafic de drogue. Une déclaration qui s’inscrit dans une logique de fermeté assumée par la nouvelle coalition dirigée par le chancelier conservateur Friedrich Merz, élu dans un contexte de poussée de l’extrême droite aux dernières législatives.
Mais cette démonstration de rigueur ne fait pas l’unanimité. Aussitôt annoncée, l’initiative a suscité une vive levée de boucliers. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a fustigé un « renvoi forcé » vers un pays classé dangereux, en alertant sur des risques réels de persécution. Amnesty International, de son côté, a parlé d’un « programme autoritaire » et d’une « diabolisation des réfugiés », tandis que la députée de gauche Clara Bünger a dénoncé une « coopération avec un régime terroriste ».
Une manœuvre politique assumée sur fond d’union européenne divisée
Ces expulsions interviennent alors que Berlin accueillait ce même jour les ministres de l’Intérieur de cinq pays de l’Union européenne engagés dans une même volonté de durcir leurs politiques migratoires. Un symbole fort d’un alignement stratégique, au moment où la question migratoire divise profondément l’Europe.
Selon le gouvernement allemand, cette dernière opération a pu être menée grâce à la médiation du Qatar. Toutefois, Berlin a indiqué vouloir à l’avenir négocier directement avec les talibans pour faciliter les expulsions, sans pour autant reconnaître officiellement leur régime. « Ces discussions devront avoir lieu », a admis Alexander Dobrindt, tout en assurant qu’il ne s’agissait « pas d’un élargissement des relations ».
Depuis la crise migratoire de 2015-2016, durant laquelle l’Allemagne avait ouvert ses portes à plus d’un million de réfugiés principalement Syriens et Afghans , le ton a radicalement changé. La coalition actuelle a pris des mesures pour refouler les demandeurs d’asile dès les frontières, limiter le regroupement familial et durcir l’accès à la nationalité allemande.
Friedrich Merz l’a répété ce vendredi. « Nous ne pourrons résoudre le problème à long terme qu’ensemble, au sein de l’Union européenne. », a-t-il insisté. C’est dans cette optique que son ministre de l’Intérieur a évoqué la possibilité de transférer les migrants déboutés vers des pays tiers proches de leurs pays d’origine, en cas de refus de réadmission par ces derniers.


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