Côte d’Ivoire – Crise postélectorale de 2010-2011 : Laurent Gbagbo appelle à la reprise des enquêtes internationales
Dans une longue déclaration rendue publique ce lundi, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), est revenu sur les grandes étapes de la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire dans les années 2000 et lors de la crise postélectorale de 2010-2011. Il a appelé à relancer les investigations internationales sur les responsabilités dans ces périodes de conflit.

Adoptant un ton grave, Gbagbo a insisté sur la nécessité de vérité et de justice pour assurer une paix durable. Il a rappelé son accession au pouvoir en octobre 2000, quelques jours avant la découverte d’un charnier à Yopougon et l’ouverture d’une enquête qui mènera à la relaxe des gendarmes impliqués.
Les attaques rebelles, d’abord en janvier 2001 puis en septembre 2002, marquent selon lui le début de la partition de facto du pays : le Nord sous le contrôle de la rébellion, le Sud resté loyal au gouvernement. Les différentes médiations internationales : Accra, Marcoussis, Kléber, Pretoria ont, selon Gbagbo, échoué.
Face à l’impasse, il affirme avoir pris des initiatives majeures avec le soutien du président sud-africain Thabo Mbeki, permettant la candidature d’Alassane Ouattara et le dialogue direct avec le chef rebelle Guillaume Soro. Ces démarches ont abouti à l’Accord de Ouagadougou en mars 2007 et à la cérémonie de la Flamme de la paix à Bouaké.
Gbagbo dénonce l’organisation des élections de 2010 sans désarmement préalable, malgré ses demandes ignorées par l’ONU, certains pays occidentaux et des partis politiques ivoiriens. Au second tour, deux vainqueurs sont proclamés : le Conseil constitutionnel désigne Gbagbo, tandis que l’ONU et plusieurs pays reconnaissent Ouattara. Les affrontements qui s’ensuivent conduisent à l’arrestation de Gbagbo le 11 avril 2011, puis à son transfert à la CPI à La Haye. Il est acquitté en janvier 2019, acquittement rendu définitif en mars 2021.
Depuis son retour en Europe, sous surveillance policière, Gbagbo estime que la justice internationale a échoué à poursuivre d’autres responsables de la crise. Il pose plusieurs questions : « Qui a conçu et financé la rébellion ? », « Qui a organisé le génocide Wê ? » et « Pourquoi une élection a-t-elle été imposée sans désarmement ? ».
Par ailleurs, l’ancien président annonce avoir demandé à son avocat de rouvrir le dossier de la guerre en Côte d’Ivoire devant la CPI. Il conclut en affirmant avoir « fait sa part » et appelle les autres acteurs à faire la leur, réaffirmant son engagement envers les victimes de la crise, « qui attendent depuis des années que la vérité soit établie ».

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