À Abidjan, Laurent Gbagbo ravive la contestation contre le 4e mandat d’Alassane Ouattara
À l’approche de l’investiture d’Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo ravive la contestation autour du quatrième mandat présidentiel. L’ancien chef de l’État accuse le pouvoir d’avoir violé la Constitution et réclame la libération des prisonniers politiques.

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On le croyait décidé à tourner la page après la validation de la victoire d’Alassane Ouattara au scrutin du 25 octobre. Beaucoup imaginaient Gbagbo concentré sur la reconstruction de son parti. Mais ce samedi 29 novembre, depuis Abidjan, l’ex-président a pris tout le monde de court en remettant ouvertement en cause la légitimité du « quatrième mandat » du chef de l’État, à quelques jours de son investiture prévue le 8 décembre.
S’exprimant lors d’une cérémonie en hommage aux « braves prisonniers politiques », Gbagbo a vivement dénoncé le non-respect de la limitation des mandats, un principe qu’il rappelle avoir été « introduit par les Américains, adopté en Europe et approuvé à plus de 85 % par les Ivoiriens ». Il s’est interrogé sur la pertinence d’inscrire dans la loi des principes que l’on ne s’astreint pas à appliquer, y voyant une atteinte aux fondements républicains.
Avant même le scrutin, il avait contesté la candidature d’Alassane Ouattara, considérée selon lui comme contraire à la Constitution révisée en 2016. Le vote du 25 octobre s’est pourtant déroulé malgré les protestations de l’opposition et l’exclusion de plusieurs figures majeures dont Gbagbo et Tidjane Thiam de la liste des candidats. La confirmation de la victoire du président sortant par le Conseil constitutionnel semblait alors clore le débat. Samedi, Gbagbo a montré qu’il n’en était rien.
Son intervention survient dans un contexte de tensions persistantes : environ 1 600 personnes ont été arrêtées à la suite des contestations post-électorales et des manifestations liées au débat sur la légalité du mandat présidentiel. À travers son initiative pour la libération des prisonniers d’opinion, Gbagbo entend faire de cette exigence un axe central de la mobilisation de l’opposition.
Gbagbo réouvre le dossier de 2011
L’ancien président est également revenu sur la crise de 2011, un épisode qu’il continue d’associer à l’exercice du pouvoir actuel. Il a de nouveau dénoncé l’intervention de l’armée française sous Nicolas Sarkozy.
« Dans un différend entre deux candidats, que venait faire la France de Sarkozy ? Pourquoi ses avions ont-ils bombardé la résidence du président de la République ? », a-t-il lancé, attribuant au pouvoir en place une « culture de la force » née, selon lui, de cet épisode.
Enfin, Gbagbo a évoqué les démêlés judiciaires récents de l’ancien président français, estimant que « les temps changent » et que la justice rattrape désormais ceux qui ont, selon lui, contribué à façonner cette logique de domination par la force.

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