Dans un communiqué publié ce lundi 09 juin, le parquet de la République togolaise a livré, ce 9 juin a donné des détails et les suites judiciaires des manifestations survenues dans la nuit du 5 au 6 juin à Lomé. Selon le procureur Talaka Mawama, ces rassemblements, jugés illégaux, auraient été organisés en réponse à des appels diffusés sur les réseaux sociaux, appelant la population à manifester contre les institutions de la République.
Dans la nuit du 5 au 6 juin à Lomé, des regroupements spontanés ont été observés dans plusieurs quartiers de la capitale, où des jeunes ont érigé des barricades à l’aide de casseroles et d’objets divers, bloquant les voies de circulation. Au quartier Bè où une équipe de Benin Web TV à pu s’y rendre, plusieurs jeunes ont manifesté toute la nuit en cassant des pierres sur les voies, mettaient le feu aux pneux en plein milieu des routes et scandaient des propos très hotiles au régime de Faure. L’intervention des forces de sécurité a permis l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes, accusées d’entrave à la libre circulation et de troubles à l’ordre public.
Selon le ministère public, il s’agirait d’un plan de déstabilisation fomenté depuis l’étranger, impliquant, selon ses termes, des compatriotes de la diaspora et des ressortissants étrangers, dont un Français installé récemment au Togo. Ces accusations s’inscrivent dans un contexte tendu marqué par une contestation croissante du régime de Faure Gnassingbé, notamment depuis la révision constitutionnelle de 2024 qui a transformé le mode de désignation du chef de l’État.
D’après les autorités judiciaires, ces manifestations se sont déroulées en violation de la loi n° 2019-010, qui encadre l’exercice de la liberté de réunion. Le parquet insiste sur le caractère illégal de ces actions, qu’il qualifie de mouvement insurrectionnel.
Pour autant, à l’issue des enquêtes préliminaires et des auditions, cinquante-six (56) personnes interpellées ont été remises en liberté, les charges retenues contre elles étant jugées mineures. Certaines gardes à vue ont été prolongées pour permettre la poursuite des investigations selon le procureur. Les personnes concernées seront à nouveau présentées au parquet dès que les éléments complémentaires d’enquête auront été réunis.
Notons que cette vague de protestation, portée essentiellement par des jeunes et des artistes, intervient dans un climat de tension alimenté par la répression politique, la hausse récente du prix de l’électricité et l’arrestation du rappeur Aamron, devenu figure emblématique d’un mouvement de contestation qui se structure hors des cadres politiques traditionnels.