Un porte-parole du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), le groupe rebelle combattu par les forces fédérales en Ethiopie, a révélé que les Etats-Unis les avaient encouragés à marcher sur la capitale Addis-Abeba pour prendre le pouvoir.
L’Ethiopie est en pleine guerre contre des rebelles du Tigré, une région septentrionale dont les dirigeants sont en conflit avec le pouvoir fédéral. Les rebelles avaient pris le contrôle d’une grande partie de la province et ont tenté de poursuivre leur offensive au vue des résultats, vers la capitale du pays.
Dans une interview sur Tigray TV le 8 décembre dernier, le porte-parole du TPLF Getachew Reda, a indiqué que le groupe armé classé comme organisation terroriste en Éthiopie avait eu le soutien des USA. « L’intention de la Chine est claire donc je la comprends. Alors que l’intention des Américains est que nous entrions à Addis », a déclaré le porte-parole, selon une traduction de Tigrinya par le média éthiopien Borkena.
« Certains pays européens ont également un intérêt similaire. Mais ils nous ont dit de forger une alliance avec différents groupes pour éviter le chaos lorsque nos forces prendront le contrôle d’Addis. L’inquiétude de l’Amérique est ridicule et transactionnelle. On dirait que les Américains n’arrivaient pas à se décider à ce que nous capturions Addis-Abeba. Il y a des groupes d’intérêt qui veulent qu’Abiy continue de mettre le pays en vente, et qui ne veulent pas qu’il arrête de vendre imprudemment les ressources indispensables du pays », poursuit le responsable du TPLF.
Propos rejetés, neutralité apparente
Il va sans dire, selon ces propos, que les Etats-Unis et les occidentaux ont réellement soutenu d’une manière ou d’une autre, la rébellion en Ethiopie, confirmant les allégations de certains membres du gouvernement éthiopien qui avaient, plus tôt le mois dernier, clairement pointé du doigt Washington de soutenir la rébellion armée dans le pays. Des déclarations qui ont été rejetés par le département d’État américain affirmant que les États-Unis « n’avaient jamais encouragé le TPLF à étendre ses opérations militaires ou à entrer à Addis-Abeba ».
Malgré les révélations, Washington a continué à maintenir une image officielle de neutralité. Un communiqué publié dimanche par le Département d’État américain a exhorté le TPLF et le gouvernement d’Abiy à entamer un dialogue pacifique « sans conditions préalables » et à ouvrir des enquêtes sur les violations présumées des droits humains par le TPLF à Afar et Amhara.
« Les États-Unis réitèrent leur soutien à la diplomatie en tant que première, dernière et unique option pour mettre fin aux hostilités, tout comme nous appelons à la fin des abus et des violations des droits de l’homme ; des négociations sans conditions préalables ; un accès humanitaire sans entrave ; et le début d’une politique nationale inclusive de dialogue », peut-on lire dans le communiqué.
Au cours des 13 derniers mois, depuis le début du conflit, les États – Unis ont sanctionné à la fois le gouvernement éthiopien et ses alliés érythréens pour des allégations d’utilisation du refus d’aide alimentaire comme arme contre les rebelles et les actions « qui ont contribué à la crise et au conflit, qui ont porté atteinte à la stabilité et à l’intégrité de l’État éthiopien. » Cependant, des sanctions similaires n’ont pas été infligées aux TPLF, malgré des preuves suggérant qu’ils ont saisi des centaines de camions d’aide appartenant au Programme alimentaire mondial des Nations Unies qui étaient destinés aux civils tigréens.