Condamné le 2 juin 2025 à deux ans de prison ferme et à deux millions de francs CFA d’amende, le cyberactiviste béninois Steve Amoussou pourrait de nouveau comparaître devant la justice.
La Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), qui avait prononcé cette peine, voit aujourd’hui le dossier relancé à la faveur d’un double appel déposé par les deux parties.
Selon des informations rapportées par Bip Radio, tant le parquet de la CRIET que la défense de Steve Amoussou ont formé un recours contre le jugement de première instance. Toutefois, la validité de ces appels soulève question. Un avocat de la défense, cité par la même source, affirme que les deux recours auraient été introduits hors du délai légal de 15 jours, délai impératif prévu par le Code de procédure pénale. Cette irrégularité pourrait, si elle était confirmée par la chambre d’appel, conduire à l’irrecevabilité pure et simple des recours.
Malgré cette incertitude procédurale, la procédure est désormais réouverte et devrait conduire à un nouveau procès devant la chambre compétente de la CRIET. À ce jour, aucune date d’audience n’a été fixée, mais ce rebondissement judiciaire attire déjà l’attention des observateurs, tant le dossier cristallise les tensions autour de la liberté d’expression en ligne et du traitement réservé aux cyberactivistes au Bénin.
Retour sur les faits
Steve Amoussou, également connu sous le pseudonyme « Steve le Béninois », est une figure active du cybermilitantisme. Il avait été arrêté en août 2024 au Togo, dans le cadre d’un mandat de poursuite international lancé par les autorités béninoises. À l’issue d’une procédure de remise, il a été extradé et placé sous mandat de dépôt à la CRIET.
Le ministère public l’accusait de diffusion de fausses informations, incitation à la révolte et harcèlement par voie électronique, des faits liés à plusieurs publications jugées subversives sur les réseaux sociaux. Les enquêteurs ont notamment pointé des contenus à forte tonalité politique, critiques envers certaines autorités, et susceptibles selon l’accusation de troubler l’ordre public.
Lors de l’audience du 2 juin 2025, le tribunal spécial a retenu les charges et prononcé une peine de deux ans de prison ferme assortie d’une amende de deux millions de francs CFA. Une décision immédiatement critiquée par les défenseurs des droits humains, certains y voyant une atteinte à la liberté d’opinion.
Avec ce double appel, la procédure s’achemine désormais vers une nouvelle phase d’instruction. En attendant l’issue de cette étape judiciaire, Steve Amoussou demeure en détention, dans un climat d’attente pesant sur le sort judiciaire d’un activiste dont le cas continue d’interroger sur la gestion des libertés numériques au Bénin.