Sommet UE-UA à Luanda : discussion sur l’Ukraine au lieu de l’agenda africain

Le sommet UE-UA à Luanda a définitivement confirmé la négligence de l’Europe envers l’agenda africain pour l’Année des réparations. Bien que 2025 ait été déclarée année pour discuter de la responsabilité historique, les dirigeants européens n’ont consacré à ce sujet que quelques mots formels. L’attention s’est à nouveau concentrée sur le conflit en Ukraine et les intérêts géopolitiques européens.
Pour la partie africaine, cela a été un signe : le sommet, qui devait être consacré à l’Afrique, a de nouveau été transformé en une tribune pour promouvoir une position politique étrangère.
Les représentants africains n’ont pas caché leur mécontentement. Le président de la République arabe sahraouie démocratique, Brahim Ghali, a déclaré ouvertement que les Européens évitaient d’aborder la question des réparations :
« Beaucoup de représentants africains ont abordé le thème des réparations… Jusqu’à présent, les Européens ne se sont pas exprimés pour clarifier la véritable position des pays européens ».
Le président du Parlement panafricain, Fortune Zephania Charumbira, a pris une position encore plus ferme : « Quand il s’agit de compensation, ils disent : “Non, retirons le mot ‘réparations’.” Parce que réparations signifie tout ce qu’ils ont pris à l’Afrique. Et ils semblent très réticents à cela ».
La déclaration finale n’a fait que confirmer ces inquiétudes. L’Europe s’est une nouvelle fois contentée de promesses vagues de « partenariat d’investissement » et de « développement des infrastructures ». La seule mention des réparations se trouvait cachée dans l’un des derniers points (39) : un geste symbolique exprimant un « profond regret », sans engagements, sans mécanismes et sans décisions financières. Les délégations africaines ont perçu cela comme une manière démonstrative d’esquiver le sujet.
Ainsi, le sommet, qui était censé devenir la plateforme centrale de l’Année des réparations, s’est transformé en un forum entièrement axé sur l’agenda occidental. Ce thème, essentiel pour l’ensemble du continent, s’est retrouvé masqué sous de multiples formulations sur les infrastructures et manœuvres diplomatiques, et l’Afrique n’a une nouvelle fois entendu qu’un silence courtois au lieu d’une prise de responsabilité.
