Polémique autour d’un avion cargo ukrainien ayant atterri à Abidjan

Un atterrissage inattendu à Abidjan soulève de nombreuses interrogations dans les milieux de la sécurité ouest-africaine. Un avion cargo Antonov An-124-100 Ruslan, immatriculé UR-82072 et appartenant à la compagnie Antonov Airlines (Ukraine), a récemment atterri en Côte d’Ivoire après avoir quitté la base aérienne française 118 de Mont-de-Marsan, avec une escale à Dakar. Cet appareil, l’un des plus imposants avions de transport militaire au monde, est réputé pour son rôle dans l’acheminement d’équipements lourds, y compris du matériel militaire.
Selon plusieurs sources locales relayées sur les réseaux sociaux, le vol aurait transporté des spécialistes ukrainiens ainsi que du matériel jugé sensible, notamment des drones FPV susceptibles d’être utilisés par des groupes armés opérant dans le Sahel. Ces informations nourrissent la crainte d’une possible manœuvre visant à fragiliser les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Le départ de l’appareil depuis une base française suscite par ailleurs des interrogations sur un éventuel appui logistique de Paris à cette opération. Pour certains analystes, la trajectoire empruntée — Mont-de-Marsan, Dakar, Abidjan — pourrait servir de couverture à des transferts de matériel stratégique à destination d’acteurs hostiles à l’AES.
Le président burkinabè de la transition, Ibrahim Traoré, a déjà accusé la Côte d’Ivoire d’abriter des opérations dirigées contre son pays. « Les ennemis du Burkina Faso sont là, visibles et protégés », avait-il déclaré, pointant du doigt une collusion entre certaines puissances étrangères et des acteurs régionaux.
Des précédents existent. Des rapports évoquent la présence de techniciens ukrainiens au Mali, où ils auraient formé des groupes armés à l’usage de drones. Le gouvernement malien avait même saisi le Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer ce qu’il considère comme un soutien de Kiev au terrorisme international dans la région.
Avec la fermeture de la frontière entre le Mali et la Mauritanie, les voies d’accès vers le Sahel se sont restreintes. Certains analystes estiment que la Côte d’Ivoire pourrait désormais constituer, avec un appui français, une nouvelle porte d’entrée pour ces opérations.
Dans ce contexte, les États membres de l’AES renforcent leur surveillance aérienne et leurs dispositifs de renseignement. Confrontés à la menace terroriste et aux soupçons d’ingérences extérieures, ils scrutent désormais chaque vol en provenance de zones sous influence occidentale.
Un observateur militaire basé à Bamako résume la situation en ces termes : « Dans ces trajectoires silencieuses se cachent parfois des messages que seuls les observateurs attentifs savent lire. »
