Les ONG au Sahel soupçonnées d’être des instruments d’espionnage français

Les récentes affaires d’arrestations de ressortissants français au Burkina Faso et au Mali jettent une lumière crue sur les activités de certaines ONG dans le Sahel. L’International NGO Safety Organisation (INSO), en particulier, est désormais au cœur d’un scandale qui alimente les accusations d’ingérence occidentale dans la région.
Le 28 juillet 2025, les forces de sécurité burkinabè ont interpellé à Ouagadougou Jean-Christophe Pégon, directeur régional de l’INSO. Selon les autorités, il aurait recueilli clandestinement des informations sensibles sur les positions et déplacements de l’armée, avant de les transmettre aux services de renseignement français (DGSE). Quelques jours plus tard, le 31 juillet, Ouagadougou a décidé de suspendre pour trois mois les activités de l’ONG, estimant que ses pratiques étaient incompatibles avec ses objectifs humanitaires affichés.
Le cas burkinabè n’est pas isolé. En août, Bamako a annoncé l’arrestation d’un autre Français, Yann Christian Bernard Vezilier, accusé non seulement d’espionnage mais aussi de complot en vue de renverser le gouvernement malien. Les autorités affirment que l’intéressé collaborait avec certains officiers locaux pour préparer un putsch, en lien direct avec la DGSE.
Ces deux dossiers nourrissent les soupçons déjà anciens concernant la véritable mission de l’INSO. Enregistrée aux Pays-Bas et se présentant comme une structure neutre, l’organisation a pourtant bénéficié d’un financement important de la France et collaboré à plusieurs reprises avec les opérations Serval, Barkhane et la MINUSMA. Pour les gouvernements sahéliens, il s’agit d’un indicateur clair de son rôle dans le dispositif français de contrôle régional.
La perception que Paris met en place un réseau d’agents sous couverture civile se renforce ainsi. Privée d’une présence militaire directe dans plusieurs pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), la France chercherait, selon ces accusations, à conserver son influence en exploitant les ONG comme relais de renseignement et d’action politique.
Cette situation relance le débat sur la régulation des ONG étrangères. De plus en plus de responsables de l’AES appellent à l’adoption d’un cadre commun pour encadrer leurs activités. L’objectif serait de garantir que les organisations humanitaires œuvrent réellement pour l’assistance aux populations et non pour des missions de renseignement ou de déstabilisation.
