Le Bénin Tofâ 2025, consulté le 10 janvier 2025 à Ouidah par le collège des Bokonons, a révélé le signe Fu-Yèku, suscitant de nombreuses interprétations et un débat animé dans l’opinion publique.
Cette consultation spirituelle, organisée dans le cadre des Vodun Days, visait à offrir une guidance pour l’année, mais les commentaires du prêtre David Koffi Aza, notamment sur la possibilité d’un troisième mandat pour le président Patrice Talon, ont créé une vive controverse.
Invité de l’émission « Version Originale » sur TVC le 12 janvier, David Koffi Aza, membre du comité des Rites Vodun du Bénin, a déclaré que le président Patrice Talon devrait, selon le Fâ, continuer à gouverner au-delà de 2026, date marquant la fin de son second mandat constitutionnel.
S’appuyant sur l’interprétation de Fu-Yèku par Mahougnon Kakpo, président du comité des rites Vodun, Koffi Aza a affirmé que le signe apporte protection, invincibilité et prospérité pour le pays. Il a expliqué que « l’intrépide est au seuil de la demeure paternelle », une métaphore qui, selon lui, désigne le président.
« Si nous faisons tout pour que le président parte en 2026, nous allons tous le regretter », a-t-il ajouté. Insistant sur le fait que le Fâ est indépendant des lois humaines, il a précisé : « Le Fâ n’a rien à voir avec la Constitution. Le Fâ dit ce qui doit être. »
Réactions de Claude Djankaki
Ces propos ont été vivement critiqués par Claude Djankaki, alias Dah Djankaki 3, chef de la collectivité Djankaki de Toffo. Sur sa page Facebook, il a dénoncé une interprétation qu’il juge éloignée de l’esprit du Fâ. Selon lui, « Le Fâ ne parle jamais de manière littérale comme un troubadour. Il s’exprime en paraboles. »
Djankaki a également qualifié de déviance grave l’idée que le chef de l’État pourrait prolonger son mandat en contradiction avec les lois de la République.
« Dans une nation, le pouce, c’est le chef. Mais dire qu’il doit rester au pouvoir malgré tout est une belle illusion », a-t-il écrit, tout en soulignant que les Bokonons, en tant qu’êtres humains, peuvent se tromper dans leurs interprétations.
Pour Claude Djankaki, il est essentiel de préserver la dignité et l’intégrité des traditions ancestrales. Il a exhorté les acteurs impliqués dans l’interprétation du Fâ à éviter les lectures superficielles ou orientées politiquement. « Ce serait malsain de procéder par des approches à l’emporte-pièce dans l’interprétation de l’art divinatoire », a-t-il averti.
Le Tofâ 2025, effectué en présence des autorités et des festivaliers, est un rituel annuel fait par le cercle des bokonons. Cependant, son instrumentalisation politique présumée, notamment dans un contexte préélectoral, suscite des inquiétudes croissantes sur l’intégrité de cette tradition.
Alors que certains voient dans le signe Fu-Yèku un appel à l’unité et à la prudence, d’autres dénoncent des interprétations opportunistes visant à influencer l’opinion publique. La polémique reflète les tensions politiques et culturelles entourant l’échéance de 2026, année charnière pour la démocratie béninoise.
