Côte d’Ivoire : riposte du PDCI après les accusations de Guikahué
Écarté de l’investiture du PDCI pour les législatives à Gagnoa, Maurice Kacou Guikahué a vivement attaqué la direction du parti sur les antennes de 7 Info. L’ancien secrétaire exécutif accuse Tidjane Thiam et son équipe de dérives ethniques et de violations des textes internes, ouvrant une nouvelle brèche dans un parti déjà fragilisé.

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Au cœur de ses reproches, Guikahué remet en cause la légitimité même de l’actuel président du PDCI. Selon lui, Thiam n’aurait pas rempli toutes les conditions exigées pour accéder à la tête du parti, notamment les dix années de présence requises au Bureau politique. « Henri Konan Bédié avait hésité à l’y intégrer, peut-être parce qu’il avait perçu ses ambitions », affirme-t-il.
L’ex-dirigeant, empêché de concourir à la présidence du parti en 2023 en raison de ses démêlés judiciaires liés au Conseil national de transition, voit également dans son éviction à Gagnoa une dérive communautaire. Il dénonce la préférence accordée au président des communautés baoulé et agni de Gagnoa, estimant que le PDCI, formation historiquement nationale, se replie de plus en plus sur l’ethnie baoulé. « On a préféré un Baoulé à moi », accuse-t-il, allant jusqu’à évoquer « le sang d’Houphouët-Boigny » que porterait Tidjane Thiam.
Le PDCI réplique aux déclarations explosives de Guikahué
La riposte du parti n’a pas tardé. Dans un communiqué incisif, le PDCI rappelle les prises de position passées de Guikahué, notamment son soutien au Général Robert Guéï en 1999 et 2000, après le coup d’État ayant renversé le PDCI-RDA. La direction dénonce « une tentative dangereuse de transformer une déception personnelle en tension communautaire ».
Pour l’écrivain et journaliste Venance Konan, la crise est profonde. « Sous l’orage. Ça commence par un nuage noir », écrit-il, estimant que la tempête qui secoue le PDCI pourrait « tout emporter ». Entre un président absent du territoire depuis plusieurs mois et des cadres historiques qui s’éloignent, la survie même du parti fondé en 1946 semble menacée. « Les jours du PDCI-RDA pourraient être comptés », avertit-il.
Les tensions internes ne sont pas nouvelles. Guikahué avait déjà démissionné de son poste de conseiller politique, dénonçant une gouvernance opaque et des décisions annoncées dans la presse avant d’être présentées aux cadres. Il avait également critiqué l’organisation d’un congrès sans bureau préalablement constitué.
À l’approche des législatives, le PDCI apparaît plus divisé que jamais. Avec une direction contestée, des rivalités exacerbées et un chef absent, le vieux parti aborde le scrutin dans une position de faiblesse, sous l’œil attentif d’adversaires prêts à capitaliser sur ses failles.


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