Côte d’Ivoire : après la réélection de Ouattara, Tidjane Thiam sort du silence
Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a rejeté les résultats de l’élection présidentielle du 25 octobre et dénoncé une répression marquée, selon lui, par plus de 700 arrestations.

Deux jours après le scrutin, l’ancien banquier a publié un message vidéo de dix minutes dans lequel il conteste la légitimité du vote ayant conduit à la réélection d’Alassane Ouattara avec 89,77 % des suffrages. « Ce qui vient de se passer n’est pas une véritable élection », a-t-il déclaré.
Le ton de son intervention est grave et solennel. Tidjane Thiam s’est d’abord incliné « devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie pour avoir osé exprimer leurs opinions » avant d’accuser le pouvoir d’avoir organisé un scrutin biaisé. « Le président Alassane Ouattara a brigué un quatrième mandat controversé. J’ai moi-même été radié des listes électorales par un tribunal », a-t-il rappelé, citant également Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan parmi les personnalités empêchées de se présenter.
Le dirigeant du PDCI affirme que plus de 700 personnes ont été arrêtées depuis le début du mois d’octobre et évoque « des manifestations réprimées à coups de gaz lacrymogènes, d’arrestations massives et de violences graves ». Il parle même « d’expéditions punitives » à Nayo, où « une personne a été brûlée vive ».
Tidjane Thiam décrit un scrutin tenu dans un « climat de peur » et marqué par une participation très faible, estimant que l’abstention massive traduit « le rejet silencieux mais puissant d’un exercice électoral peu crédible ». Il met aussi en cause la fiabilité des chiffres annoncés par la Commission électorale indépendante, affirmant que dans certaines localités, « le nombre de votants dépasse celui des inscrits ».
L’ancien dirigeant de Credit Suisse rejoint ainsi les critiques de Laurent Gbagbo, qui a qualifié cette élection de « coup d’État » et de « braquage électoral ». Le front commun PPA-CI/PDCI avait d’ailleurs appelé au boycott du scrutin, dénonçant l’exclusion de ses principaux leaders, un mot d’ordre largement suivi dans plusieurs bastions de l’opposition.
Malgré la fermeté de son discours, Tidjane Thiam appelle au dialogue. « Nous sommes dans une impasse. Seul le dialogue peut nous permettre d’en sortir », a-t-il plaidé, tout en exprimant son souhait de voir les autorités « entendre cet appel ». Le président du PDCI, âgé de 63 ans, assure vouloir poursuivre un combat « pacifique, non pas avec des armes, mais avec de l’espoir ».
Reste à savoir si le chef de l’État, réélu pour un quatrième mandat à 83 ans, acceptera d’ouvrir des discussions avec une opposition qui conteste ouvertement sa victoire.


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