Bénin: les juristes reviennent à la charge contre le “mutisme” de la Cour sur l’auto-parrainage
Moins de vingt-quatre heures après le rejet de leur premier recours, les cinq juristes contestataires de l’auto-parrainage ont déposé une nouvelle requête devant la Cour constitutionnelle. Ils accusent désormais la Haute juridiction d’un “mutisme anticonstitutionnel”, qu’ils assimilent à une « violation flagrante de la Constitution ».

SOMMAIRE
Le jeudi 9 octobre 2025, la Cour constitutionnelle avait déclaré irrecevable le premier recours introduit par les juristes Miguèle Houeto, Landry Angelo Adelakoun, Romaric Zinsou, Fréjus Attindoglo et Conaïde Akouedenoudje.
Ces derniers contestaient une interprétation du directeur général des élections, selon laquelle « si l’on peut voter pour soi-même, l’on peut aussi se parrainer ». Une lecture jugée « contraire à l’esprit et à la lettre du Code électoral » par les plaignants.
Leur requête visait à obtenir de la Cour une clarification sur la légalité de l’auto-parrainage, un sujet qui suscite de vifs débats à l’approche de la présidentielle d’avril 2026.
Mais la Cour a estimé qu’elle n’était pas compétente pour connaître de la demande, au motif qu’elle ne portait ni sur un acte réglementaire, ni sur une atteinte à un droit fondamental.
“La Cour viole la Constitution par son silence”
Refusant d’en rester là, le groupe de juristes a déposé le vendredi 10 octobre 2025 un nouveau recours, enregistré sous le numéro 2108 au secrétariat de la Cour. Cette fois, ils ne s’en prennent pas seulement à l’interprétation du directeur général des élections, mais également à l’attitude de la Cour elle-même, qu’ils accusent de manquer à sa mission constitutionnelle.
Selon eux, le silence de la Cour constitutionnelle constitue une violation des articles 3 et 117 de la Constitution, qui font d’elle la garante de la régularité des élections présidentielles.
« Lorsque le Constituant parle de la veille sur la régularité de l’élection du duo président et vice-président, il s’agit du contentieux électoral dans son ensemble », soutiennent-ils.
Ils estiment ainsi que la Cour doit s’auto-saisir de la question du parrainage, car celle-ci relève à la fois du contentieux des actes préliminaires et du contentieux des candidatures.
Le quintette de juristes appelle donc la Haute juridiction à reconnaître son manquement, à constater que son silence viole la loi fondamentale, et à se prononcer d’office sur le débat autour de l’auto-parrainage.
Un enjeu crucial pour le parti Les Démocrates
La question du parrainage cristallise les tensions au sein de la classe politique, particulièrement pour le parti d’opposition Les Démocrates (LD). Avec 28 députés, le parti dispose du nombre exact de parrains requis pour présenter un duo à la présidentielle.
Cependant, si la Cour venait à déclarer l’auto-parrainage contraire à la Constitution, plusieurs figures du parti dont Éric Houndété, Nourénou Atchadé ou encore Kamel Ouassagari pourraient voir leur candidature compromise.
Ce bras de fer juridique entre la Cour constitutionnelle et une frange de juristes proches de l’opposition pourrait bien redéfinir les contours du jeu politique à quelques mois d’un scrutin présidentiel déjà sous tension


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