Au Niger, le rond-point Escadrille, rebaptisé à plusieurs reprises et ayant notamment porté le nom « rond-point de la Résistance » lors des grandes mobilisations sociales consécutives aux événements du 26 juillet 2023, a été officiellement rebaptisé le 29 mai 2025 par les autorités de transition. Ce lieu emblématique porte désormais le nom de « Place Tarha – N Akal », qui signifie en langue tamasheq « Amour de la patrie ».
Le rond-point Escadrille se situe devant la base aérienne n°101 de Niamey (ex-Base Aérienne Projetée de Niamey), près de l’aéroport international Diori Hamani. Du fait de cette proximité militaire, le carrefour est couramment appelé « rond-point Escadrille ». Ce nom fait référence à l’aviation (une « escadrille » étant une unité aérienne), en écho au rôle historique de la base dans la défense de la capitale.
Aucune source précise accessible ne donne la date exacte de création du rond-point lui-même, mais on sait qu’il existe au moins depuis l’époque post-coloniale (lié aux infrastructures routières desservant la base et l’aéroport) et qu’il était déjà dénommé « Escadrille » bien avant les récents événements.
- Rond-point Escadrille – appellation historique d’usage, en référence à la base aérienne voisine.
- « Place de la Résistance » – nom informel adopté par les manifestants pro-junte à partir de septembre 2023, pour souligner la lutte anticoloniale et revendiquer le départ des forces françaises. Par exemple, lors de la troisième journée de mobilisation (4 septembre 2023), le mouvement M62 réclame que le « rond-point ‘Escadrille’ doit être renommé rond-point de la ‘Résistance’ ».
- « Place Tarha-N Akal » – nom officiel donné à la place lors d’une cérémonie le 29 mai 2025 par les autorités de transition. « Tarha-N Akal » signifie « Amour de la patrie » en tamacheq. Cette inauguration a été présidée par le ministre des Transports nigérien et montre le caractère patriotique du lieu.
Rôle urbain, social et symbolique
Le rond-point Escadrille s’est imposé comme un lieu central des mobilisations populaires qui ont suivi le coup d’État du 26 juillet 2023, mené par le général Abdourahamane Tiani contre le président Mohamed Bazoum. Dès les premiers jours de cette transition militaire, cet espace urbain de Niamey a vu affluer les partisans du nouveau pouvoir, qui y ont exprimé leur soutien à la junte et leur rejet de la présence militaire étrangère, notamment française.
Il est rapidement devenu un théâtre de revendications populaires. En août 2023, une marée humaine s’y est rassemblée pour exiger le retrait des troupes françaises du pays, dans une ambiance rythmée par les klaxons, les slogans hostiles à la France, et les drapeaux russes agités par la foule. Le mouvement s’est intensifié au fil des semaines, porté notamment par les organisations civiles comme le mouvement M62, qui y ont organisé des mobilisations régulières et massives. La pression populaire s’est accentuée à mesure que l’ultimatum lancé à Paris approchait, avec des sit-in quasi quotidiens devant la base militaire française, située à proximité.
Le 15 septembre, le Cadre Unique d’Action des Forces Vives du Changement a organisé une importante manifestation sur les lieux en renouvelant l’appel au départ des forces françaises. Cette dynamique populaire a culminé le 22 décembre 2023, lorsque le dernier avion transportant les soldats français a quitté Niamey. Le départ a été salué comme une victoire de la souveraineté nationale, célébrée au rond-point désormais rebaptisé « rond-point de la Résistance » par les manifestants, en hommage à leur mobilisation continue. Ce jour-là, des centaines de Niameyens se sont rassemblés pour vivre ce moment symbolique.
Au-delà de ces mobilisations ponctuelles, le rond-point Escadrille joue un rôle important dans la vie urbaine et politique de Niamey. Il relie la ville aux quartiers de l’est et à l’aéroport. Comme l’a souligné un responsable associatif présent lors de la cérémonie de renommage de mai 2025, cette place « a connu vraiment tous les mouvements pour exiger le départ des forces étrangères françaises du Niger ».
Son nouveau nom « Place Tarha-N Akal (Amour de la patrie) » insiste d’ailleurs sur cette dimension identitaire et sur la cohésion sociale recherchée par les autorités.