Un commandant opérant près de la frontière ukrainienne, dans la région de Kursk, a ouvertement appelé le Kremlin à mettre un terme à la guerre en Ukraine. Une prise de parole inhabituelle, d’autant plus retentissante qu’elle vient d’un officier en activité.
Dans une interview diffusée sur les canaux de l’influent blogueur militaire Maxim Kalashnikov, le militaire a rejeté tout artifice stratégique pour sortir du conflit. Interrogé sur ce qu’il ferait pour remporter la guerre, sa réponse a tranché par sa simplicité brutale: « J’arrêterais complètement la guerre. Malheureusement, cette guerre ne se terminera pas tant que nous ne nous serons pas complètement, stupidement entre-tués. »
Il poursuit: « Ils sont comme nous. Ils n’abandonneront pas, et nous non plus. Cela continuera jusqu’à ce que nous nous mutilions ou nous nous entretuions, puis un troisième ennemi viendra et tuera les deux camps. »
Ce témoignage frontal, livré sans fard, illustre l’usure croissante qui traverse les troupes russes, plus de trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, lancée en février 2022.
Selon les chiffres avancés par Kiev, l’armée russe aurait subi près d’un million de pertes humaines depuis le début du conflit. Un bilan lourd, qui contraste avec l’étendue dérisoire des gains territoriaux enregistrés ces derniers mois: à peine 0,6 % du territoire ukrainien aurait été conquis en 2024. Le prix du sang pour des avancées militaires minimes.
Sur le terrain, la guerre semble s’enliser dans une logique de positions figées et de frappes d’artillerie incessantes. L’enlisement militaire s’accompagne d’un climat de lassitude perceptible jusque dans certaines voix de l’appareil militaire russe, à l’image de ce commandant.
Si le Kremlin n’a pas réagi à cette sortie, les autorités russes tolèrent rarement les dissidences publiques dans les cercles militaires, surtout en période de guerre. Reste à voir si cette déclaration isolée marque le début d’une parole plus libre au sein de l’armée, ou si elle sera rapidement étouffée.