Au moins sept personnes ont été tuées lors de manifestations antigouvernementales qui se sont tenues cette semaine à Lomé, la capitale du Togo. Il y a en outre des dizaines de blessés, annonce l’Agence France-Presse (AFP), citant des organisations de la société civile et de défense des droits humains qui précisent que sept corps ont été repêchés dans des cours d’eau de la ville. Les autorités togolaises n’ont pas avancé de bilan officiel, mais une brigade de la gendarmerie a fait mention de deux morts « survenues par noyade », note le média.
Des manifestations se sont tenues à Lomé les 26 et 27 juin à l’appel de l’opposition pour exiger d’abroger la nouvelle Constitution adoptée par le parlement. Elles ont été marquées par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Les autorités municipales ont bloqué l’accès à plusieurs réseaux sociaux. Le samedi 28 juin, l’opposition et les organisations de la société civile ont unanimement condamné cette répression, alors que le gouvernement, de son côté, n’a fait aucune déclaration.
Pour la troisième journée consécutive, les manifestants sont descendus dans les rues de Lomé pour protester contre le régime de Faure Gnassingbé, en place depuis 20 ans. La répression a été violente. Un vaste dispositif policier a été déployé dans plusieurs quartiers de la capitale togolaise. Les forces de l’ordre ont utilisé des matraques et des gaz lacrymogènes. Certains dénoncent même des méthodes encore plus radicales.
« Notre frère a été tué hier dans la lagune. Et c’est en cherchant son corps aujourd’hui que nous avons retrouvé deux autres corps dans l’eau. »
Les manifestants protestent contre la hausse des prix dans le pays, notamment ceux de l’électricité, mais aussi contre la réforme constitutionnelle. Les partis d’opposition craignent qu’elle ne permette au président actuel, Faure Gnassingbé, de consolider et de pérenniser son pouvoir. En 2005, il a succédé à son père, lui-même à la tête de l’État pendant 38 ans.
La nouvelle Constitution togolaise a été adoptée par le parlement et promulguée en mai 2024 par le président pour instaurer dans le pays un régime parlementaire. L’opposition ne reconnaît pas la nouvelle Constitution et estime qu’elle maintient le pouvoir de Faure Gnassingbé qui a quitté le mois dernier la présidence du pays mais est devenu président du Conseil des ministres.
Jusqu’à présent, le gouvernement togolais a répondu aux manifestations par la répression. Plusieurs personnalités critiques du pouvoir ont été arrêtées ces dernières semaines. L’ONG Amnesty International a également rapporté des faits de torture, des accusations démenties par les autorités. Le ministre du Travail estime que le gouvernement ne fait que répondre aux intentions des manifestants de semer le chaos.