Anselme Amoussou, Secrétaire général de la CSA-Bénin a annoncé « la mort » du dialogue social au Bénin lors de son passage dans l’émission « De vous à nous » sur Peace FM le dimanche 25 mai 2025.
Au Bénin les instances de concertation ne fonctionnent plus et les responsables n’ont plus la volonté de faire vivre le dialogue social. C’est la substance de la sortie médiatique d’Anselme Amoussou dimanche dernier.
Pour lui, « Le dialogue social est complètement mort au Bénin ». Cette déclaration-choc d’Anselme Amoussou, Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin), a résonné comme un signal d’alerte sur le plateau de l’émission « De vous à nous » de Peace FM, ce dimanche 25 mai 2025.
Selon le leader syndical, les institutions chargées d’organiser les négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux sont devenues inopérantes, faute de volonté politique.
Les luttes sociales en berne ?
L’ancien porte-voix des luttes sociales des années 2010-2020 ne décolère pas. « Nous ne sommes plus dans un syndicalisme basé sur les plateformes revendicatives. Aujourd’hui, nous sommes obligés de nous battre pour que le droit au syndicalisme soit reconnu », a-t-il indiqué en exprimant sa nostalgie pour l’époque où le dialogue, la transparence et le respect mutuel étaient encore possibles.
Le syndicaliste pointe la grande commission nationale de négociation, autrefois vitrine du dialogue social, aujourd’hui vidée de son essence. Anselme Amoussou dénonce des sessions non tenues, des demandes ignorées, des discussions stériles. D’après lui, même les deux patronats (Coneb et CNP-Bénin), intégrés récemment dans cette commission, dénoncent un vide abyssal. « Ils s’ennuient, ils ne savent pas pourquoi ils viennent », ironise-t-il.
Le ministère du travail mis en cause
Le ministre du Travail lui-même est mis en cause lors de la sortie médiatique de Anselme Amoussou qui évoque l’absence de rencontre avec les centrales syndicales le 1er mai 2025, au profit d’un simple discours télévisé. « Ce n’est pas du dialogue. C’est un monologue », a-t-il dit. Pour Anselme Amoussou, c’est le signe d’un recul sans précédent. « Le ministre n’organise plus rien, parce qu’il sait qu’il n’a rien à nous dire », dénonce t-il.
En creux, le syndicaliste dresse le portrait d’une gouvernance sourde, qui délègue des responsabilités sans en accorder l’autorité décisionnelle. Une gouvernance qui, dit-il , faute de considération, pousse les partenaires sociaux au désespoir : «On regarde notre main tendue avec dédain … le dialogue social, je crois qu’il est complètement mort au Bénin », a lâché Anselme Amoussou désespérément.
« Ce qu’ils semblent oublier, c’est qu’à force d’empêcher les gens de s’exprimer, on fabrique une poudrière… Nous ne pouvons pas les laisser saccager notre héritage », affirme-t-il. Une héritage qu’il appelle à protéger, par la résistance pacifique, la vigilance, mais aussi la mémoire.
Pour rappel, la Commission nationale de Concertation, de Consultation et de Négociations collectives (CNCC), évoqué par Anselme Amoussou dans son intervention, est un organe consultatif qui permet le dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux (centrales syndicales, organisations patronales).
Elle joue un rôle crucial dans la négociation collective, notamment pour la préparation et la mise en œuvre de réformes en matière de travail au Bénin.