«  àŠtre dans le coup en étant dans le camp de la démocratie », lettre ouverte de Richard Ouorou à Talon
La situation politique dans la sous région, notamment au Mali, au Burkina Faso préoccupe les observateurs et analystes de la vie politique au Bénin. Dans une lettre ouverte à l’attention du président Patrice Talon, le politologue Richard Boni Ouorou apprécie la gouvernance au Bénin et partage sa peur de voir la masse se radicaliser et commencer à croire que les coups d’État violents et que les juntes militaires (ayant récupéré la révolte populaire) constituent une solution salvatrice.

SOMMAIRE
Le politologue béninois résidant au Canada, Richard Boni Ouorou, très actif dans l’analyse de la situation politique de son pays d’origine, a saisi à nouveau le président Patrice Talon d’une nouvelle lettre ouverte. Dans son courrier, le consultant international confie sa crainte à propos de la situation béninoise actuelle qui selon lui « n’est ni reluisante ni préservée du délitement démocratique qui sévit en Afrique de l’Ouest ».
Si pour le politologue, il y a un grand défi de développement économique à opérer dans le pays, ce défi à développer le pays ne doit pas remettre en cause la démocratie acquise depuis plus d’une trentaine d’années.
« C’est pourquoi d’ailleurs je vous exhortais d’être le maître d’œuvre d’un grand réajustement politique, d’une grande dynamique collective basée sur la collaboration, le débat et la synergie des forces vives béninoises, seule avenue à mon avis pour que le pays croisse à tous les niveaux et pour que les intérêts divergents soient délibérés et hiérarchisés rationnellement au bénéfice de toute la communauté« , précise Richard Ouorou dans son courrier.
Dans sa dynamique à amener la gouvernance actuelle à ramollir ses pratiques, Richard Boni Ouorou affirme qu’un État « « fort », en contrôle, n’est pas un État intrusif et autoritaire. C’est en cela qu’il est équilibré. J’écris le mot et je ne peux m’empêcher d’avoir à l’esprit certaines idées de Benjamin Constant pour qui le peuple, s’il doit à la fois être écouté et protégé (parfois de lui-même), ne peut être instrumentalisé aux fins d’une volonté de puissance, d’un pouvoir déraisonnable sur les individus« .
Pour finir, Richard Boni Ouorou invite le chef de l’Etat à prêter donc attention à l’humeur de « son monde » et intervenez de la bonne façon. « Pourquoi pas dès maintenant d’ailleurs, en leader que vous êtes, et ce en ordonnant la libération de Joël Aïvo, de Reckya Madougou, de Nadine Okoumassou et de tous les autres prisonniers politiques que compte le Bénin« , suggère-t-il.
Retour de l’expérience des coups d’Etat…
Cette lettre ouverte est adressée au président Patrice Talon dans un contexte ou plusieurs pays subsahariens font l’expérience des coups d’Etat. En effet, en l’espace de quelques mois, les militaires ont perpétrés des coups d’Etat en Guinée au Mali et au Burkina Faso.
Le coup d’État de 2021 en Guinée a lieu le 5 septembre 2021, lorsqu’une unité d’élite de l’armée guinéenne appelée le Groupement des forces spéciales (GFS) s’est emparé du palais présidentiel et à arrêté le président, Alpha Condé. Au pouvoir depuis 2010, Alpha Condé est contesté depuis sa réélection en 2020 pour un troisième mandat après avoir fait modifier par référendum la Constitution pour remettre à zéro le compteur de ses mandats passés et être de nouveau éligible.
La Mali a également fait l’expérience du coup d’Etat. Le coup d’État de 2021 au Mali commence le 24 mai 2021, lorsque l’armée malienne capture le président du pays, Bah N’Daw, le Premier ministre, Moctar Ouane, et le ministre de la Défense désigné, Souleymane Doucouré. Au lendemain de l’opération, le vice-président Assimi Goïta annonce avoir pris le pouvoir et dissout l’exécutif.
Il s’agit du deuxième coup d’État dans le pays en moins d’un an après celui de 2020, le troisième en dix ans avec la prise de contrôle militaire en 2012, et le cinquième de l’histoire du Mali après les coups d’État de 1991.
Le dernier coup d’Etat en date est celui du Burkina Faso. Le président élu Roch Marc Kaboré, a été renversé par un putsch le 24 janvier par l’action concertée de militaires. Ce dernier avait pourtant été élu une première fois en 2015 dans la foulée d’un soulèvement démocratique et populaire, qui avait obligé l’ancien président Blaise Compaoré à quitter le pouvoir. Il sera réélu en 2020.

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