Dans un discours fleuve prononcé devant ses partisans, Tidjane Thiam a répliqué vigoureusement aux attaques du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), en particulier sur la question de sa nationalité. Sans détour, le président du PDCI a dénoncé les accusations portées contre lui et a dressé un réquisitoire sévère contre la gouvernance actuelle en Côte d’Ivoire.
Mué en silence depuis son exclusion finale de la liste électorale en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam a finalement rompu le silence. Devant ses mimitants, il s’est présenté comme un homme rompu aux épreuves et se dit cofiant en sa capacité à surmonter les obstacles. « J’ai 62 ans. Ce n’est pas la pire situation de ma vie », a-t-il déclaré, tout en affirmant que son exclusion de la liste électorale n’était pas une surprise. Pour lui, ces difficultés ne font que confirmer que son combat est sur la bonne voie.
Fustigeant les remises en cause de sa nationalité ivoirienne, il a affirmé avoir appris l’hymne national dès l’âge de quatre ans, bien avant d’apprendre à lire ou écrire.
« Peut-être un jour Dieu me permettra de demander à certains de ceux qui me disent que je ne suis pas ivoirien de chanter l’hymne national avec moi. »
Dans une attitude offensive, Thiam a invité ses adversaires à délaisser les attaques personnelles pour faire le point sur leurs 15 années de gouvernance. Selon lui, le principal échec du régime se situe au niveau des valeurs telles que les atteintes aux droits de l’homme, les libertés fondamentales restreintes, les pressions sur les syndicats ainsi que l’instrumentalisation de la justice… Il a fustigé un système qui, selon lui, criminalise la contestation pacifique et étouffe la liberté d’expression.
Une vision claire de la démocratie
Reprenant les classements internationaux, notamment celui de l’institut V-Dem, Tidjane Thiam a cité la Côte d’Ivoire parmi les « autocraties électorales », aux côtés d’autres régimes où les institutions sont utilisées pour marginaliser l’opposition.
« Continuité n’est pas synonyme de stabilité. C’est l’alternance qui est garante de la stabilité. »
Interrogé sur son lien présumé avec le Conseil national de transition (CNT), Thiam a rejeté catégoriquement toute implication. « Je n’étais pas d’accord avec cette initiative. Je l’ai dit à Bédié à l’époque, je l’ai dit à mes proches. Mon nom n’a jamais figuré sur cette liste. » Et quant à la question de sa prétendue perte de nationalité, Thiam a affirmé que le jugement rendu à son encontre était basé sur des informations inexactes. Il a rappelé avoir été plusieurs fois investi de responsabilités majeures en Côte d’Ivoire, y compris durant la période de transition militaire, ce qui contredirait toute mise en cause de sa nationalité.
« Je n’ai pas de sang d’Ivoiriens sur les mains », a-t-il martelé, rappelant que, contrairement à certains, il avait toujours refusé de participer à des initiatives violentes. Son choix du dialogue, selon lui, a souvent été mal interprété comme une marque de faiblesse. « Mais le dialogue, c’est l’arme des forts », a-t-il insisté.
Sondages à l’appui, Tidjane Thiam fait savoir à qui veut l’entendre qu’il bénéficie d’un capital de sympathie important dans l’opinion publique. Il indique notamment que 68 % des Ivoiriens désapprouvent les attaques contre sa nationalité et que le PDCI, sous sa conduite, a regagné du terrain dans les cœurs des électeurs.
Il appelle ainsi les Ivoiriens à dépasser les clivages, à s’unir et à choisir des dirigeants compétents et respectueux. « Ceux que vous voyez forts aujourd’hui ne sont pas plus intelligents que nous. Ce qu’ils ont, c’est l’unité et le sens de l’intérêt général. »