Sahel : 02 ans après sa création, l’Alliance avance malgré le terrorisme et les crises politiques
L’Alliance des États du Sahel (AES) a célébré ce lundi 15 septembre 2025 ses deux ans, marqués par une construction institutionnelle ambitieuse, mais aussi par de lourds défis sécuritaires, économiques et politiques.

Créée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Niger et le Burkina Faso via la charte du Liptako-Gourma, l’AES est née dans un contexte de tensions diplomatiques suite au coup d’État de Niamey et aux menaces d’intervention de la Cédéao. La rupture avec cette dernière a été officialisée en janvier 2025, sans entraver la libre circulation des personnes et des biens, et des discussions sont en cours pour un cadre de coopération post-séparation.
En juillet 2024, l’alliance défensive est devenue la Confédération des États du Sahel, sous la présidence du général malien Assimi Goïta, avec pour objectif une intégration politique, économique et culturelle. Plusieurs projets institutionnels ont été lancés : une radio confédérale à Ouagadougou, un hymne officiel, l’annonce d’une Banque confédérale pour l’investissement et le développement, ainsi qu’une Cour pénale régionale accompagnée d’une prison de haute sécurité. Un Parlement confédéral est également en préparation.
Si des avancées ont été réalisées, elles restent limitées par de fortes contraintes budgétaires. Les régimes militaires de Bamako, Ouagadougou et Niamey ont prolongé leur mandat de cinq ans renouvelables, maintenant une gouvernance exceptionnelle alors que le retour à un pouvoir civil reste lointain.
Sur le plan sécuritaire, le Burkina Faso affirme avoir reconquis près de 73 % de son territoire, tandis que le Mali a repoussé plusieurs attaques jihadistes et capturé un chef de l’État islamique au Sahel. Mais la menace demeure, le Niger ayant enregistré une hausse de 94 % des décès liés au terrorisme en 2024, et le Sahel concentrant plus de la moitié des décès dus au terrorisme dans le monde.
Sur le plan diplomatique, les relations avec la France se sont tendues, laissant davantage de place à la Russie, aux États-Unis et à des acteurs africains comme l’Égypte et le Maroc. Rabat se distingue par son « Initiative Atlantique », ses médiations et sa coopération sécuritaire, illustrée notamment par la libération de chauffeurs marocains au Burkina Faso.

Commentaires