[Opinion] Bénin: retour industriel de tous les risques

Société nationale des industries des corps gras (SONICOG), Société béninoise des textiles ( SOBETEX), Société béninoise de parfumerie (SOBEPAR), Société béninoise des matériaux de construction ( SOBEMAC), Société nationale de gestion des ressources animale (SONAGRA), Société béninoise des Gaz ( SOBEGAZ)…
On peut encore en citer une ribambelle, mais c’est déjà celles-là qui nous viennent en mémoire. Elles ont deux points communs, elles ont été toutes des entreprises industrielles d’État sous le PRPB et elles ont toutes fait sévèrement faillite.
Leur mort commune procède beaucoup plus d’une règle économique universellement prouvée que l’État ne fait pas dans l’actionnariat industriel, qu’il ne se met à la capitalisation d’entreprises industrielles même si les problèmes de gabegie et de mauvaise gestion en ont aussi pour leur part.
Mais voilà que le Président Talon annonce le « retour de l’État dans l’investissement industriel pertinent », l’État n’a pas à jouer ce rôle de capitaine d’industries, de créateur d’entreprises industrielles, d’investisseur dans l’entreprise industrielle. On va peut-être me faire croire que Patrice Talon serait plus rigoureux que Mathieu Kérékou sous la Révolution, si c’est le cas, il va falloir me faire croire aussi qu’il le serait plus que les français, les anglais, les italiens, les russes et même les chinois.
Puisque partout dans ces pays l’État a investi dans l’entreprise industrielle et ça a automatiquement fait chou blanc. Déjà la petite expérience que l’État sous la Rupture a faite dans le secteur tertiaire qui est encore plus facile avec les avances sur capital dans la création de Bénin-Taxis semble tourner au vinaigre.
Ce qu’il faut souhaiter et exiger d’ailleurs de l’État c’est qu’il garantisse et favorise un environnement incitatif à l’actionnariat industriel privé par la création des conditions régaliennes de l’épanouissement de l’activité industrielle en jouant essentiellement sur deux tableaux, le tableau financier par toutes sortes d’incitations bancaires, (taux d’intérêt, fonds de garantie) et le tableau judiciaire par la mise en place d’un cadre juridique et d’un tissu normatif favorables à la protection de l’investissement industriel, à la compétition et à l’arbitrage équitable et impartial en cas de conflits.
En définitive, l’État n’a pas à descendre dans l’arène de la capitalisation de l’entreprise industrielle, il devrait rester au-dessus de la mêlée en organisant de sa position faîtière le climat des affaires et peut au besoin procéder à des interventions stratégiques en cas de crises internationales.
Constant Sinzogan
