Égypte : le président accorde une grâce présidentielle à l’activiste Alaa Abdel Fattah
Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé, lundi 22 septembre, la libération d’Alaa Abdel Fattah, figure emblématique de la révolution de 2011. Blogueur et militant égypto-britannique, il était détenu depuis 2021 après avoir été condamné à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations ».

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Âgé de 43 ans, Abdel Fattah devait théoriquement être libéré en septembre 2024, mais il restait incarcéré. Sa remise en liberté intervient après plus de dix ans de détentions successives, souvent dénoncées par les organisations internationales de défense des droits humains. La décision a été rendue publique par la chaîne Al-Qahera News, qui a précisé que le chef de l’État avait pris les mesures constitutionnelles et juridiques nécessaires.
Cette issue marque l’aboutissement d’une intense campagne. Début septembre, le Conseil national des droits de l’homme avait exhorté le président à envisager une grâce « pour des raisons humanitaires », avec le soutien des familles et ONG. Le cas d’Abdel Fattah, considéré comme le prisonnier politique le plus emblématique d’Égypte, avait été mis en avant.
Né en 1981 et informaticien de formation, Abdel Fattah s’était imposé dès les années 2000 comme pionnier du mouvement des blogueurs. Actif lors du soulèvement contre Hosni Moubarak, il est devenu une figure centrale de la contestation et une cible régulière des autorités. Arrêté pour la première fois en 2013, il avait acquis la citoyenneté britannique en 2021, renforçant la pression diplomatique pour sa libération. Sa mère, la militante Leila Souef, avait même mené une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention.
Un geste politique
La grâce présidentielle concerne également d’autres détenus, dont Saeed Magli al-Diw Aliwa, Karam Abdel-Samie Ismail al-Saadani et Mohamed Awad Abdo Mohamed. Elle intervient alors que le président Al-Sissi a récemment demandé au Parlement de réexaminer un projet de réforme de la procédure pénale, incluant une meilleure protection de la vie privée et l’élargissement des alternatives à la détention provisoire.
Pour de nombreux observateurs, la libération d’Alaa Abdel Fattah constitue un signal adressé à la communauté internationale, alors que l’Égypte cherche à soigner son image en matière de droits humains, tout en conservant un contrôle étroit sur la scène politique intérieure.

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