Invité de l’émission de Vous à Nous de Peace FM, le syndicaliste Anselme Amoussou a alerté sans langue de bois sur la pauvreté croissante, la réforme contestée du CES et l’étouffement du dialogue social.
Dans un entretien exclusif accordé à l’émission dominicale « De vous à nous » sur Peace FM, Anselme Amoussou, Secrétaire Général de la CSA-Bénin, a tiré la sonnette d’alarme sur la gouvernance actuelle qu’il qualifie d’ultralibérale et déconnectée des réalités sociales.
« On s’est appauvris », a-t-il martelé, chiffres à l’appui. Alors que les données officielles situent le taux de pauvreté autour de 30%, les institutions internationales l’évaluent à plus de 40%. Pour lui, ces chiffres traduisent un recul social alarmant. Il fustige une gouvernance qui valorise les infrastructures au détriment du capital humain. « Quand vous avez ce genre de réalité, vous devez avoir une gouvernance qui tienne compte de l’humain. », a-t-il souhaité.
Quid du CES ?
Anselme Amoussou remet également en question l’efficacité du dialogue social. Il déplore que les recommandations du Conseil économique et social (CES), dont il fut membre pendant cinq ans, soient restées lettres mortes. « Pas une seule réponse, même pas un accusé de réception des rapports envoyés à l’exécutif, » a-t-il révélé.
Il critique vertement la réforme de cette institution qu’il juge dévoyée de sa vocation initiale. « Aujourd’hui, le chef de l’État est seul habilité à désigner le Président du CES, ce qui transforme l’institution en outil de marchandage politique, » dénonce-t-il. Pour lui, le CES actuel est devenu un « refuge de politiciens désoeuvrés ».
Concernant le rôle du Parlement, il estime que les députés ont failli à leur devoir de contre-pouvoir, se contentant d’endosser les volontés de l’exécutif. « Quelqu’un peut vouloir faire du mal aux citoyens, mais il devrait trouver en face de lui des gens lucides et courageux pour dire non.« , a déclaré Anselme Amoussou.
Enfin, il appelle à une véritable refondation institutionnelle et démocratique. « On est passé d’un régime qu’on disait technocrate à un régime complètement politicien« , s’insurge t-il. Pour Anselme Amoussou, il est urgent de replacer le citoyen au cœur de la gouvernance.