C’est une onde de choc politique qui traverse la capitale béninoise. Quatre cent cinq (405) militants de l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R), l’un des partis piliers de la majorité présidentielle, ont démissionné en bloc, en déposant ce mercredi leurs lettres de retrait au siège local du parti à Porto-Novo.
Une action collective qui met en lumière un malaise profond au sein de la formation dirigée par l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Joseph Djogbénou.
Déjà affaibli par des vagues de départs successives en mars et juillet 2024, le parti voit aujourd’hui sa base locale s’effriter davantage. Selon les démissionnaires, le sentiment d’être « relégués au second plan » et de subir un fonctionnement vertical et autoritaire a alimenté cette rupture.
« Le baobab, notre emblème, a perdu ses feuilles. Nous sommes désormais laissés à nu, sans ombre ni protection », a déclaré le porte-parole des démissionnaires, dans une formule saisissante résumant le désarroi de la base.
Dissonances internes et gestion contestée
Ce départ massif, bien qu’orchestré dans une démarche collective, n’a pas été reconnu comme tel par la direction locale du parti. Sur les 405 lettres de démission présentées, seules 56 ont été officiellement enregistrées, les responsables ayant refusé les autres, au motif qu’aucune démission collective n’est recevable selon les statuts internes du parti.
Résolus à faire entendre leur voix, les ex-militants affirment avoir repris le processus de retrait, cette fois par des attestations individuelles signées, pour contourner le blocage administratif.
Au cœur de cette révolte: Romaric Soton et Marcel Bidouzo, deux figures charismatiques et influentes de l’UP-R à Porto-Novo. Tous deux sont accusés, par certains cadres du parti, de fomenter la dissidence, mais ils sont aussi crédités d’avoir longtemps assuré la mobilisation militante dans l’Ouémé.
Leur rupture avec le parti marque un tournant et renforce l’idée d’un désaccord structurel entre la base et la direction nationale.
Des signaux préoccupants à un an de la présidentielle
Ces démissions surviennent à un moment critique. À moins d’un an de l’élection présidentielle de 2026, cette hémorragie militante pourrait affaiblir considérablement l’ancrage local de l’UP-R, surtout dans l’Ouémé, département à fort poids électoral. L’alliance stratégique du parti avec le président Patrice Talon pourrait en pâtir, si des fractures internes persistent sans traitement.
En filigrane de cette instabilité, les revendications non résolues du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), qui exige toujours la restauration de son autonomie politique, alimentent également des tensions internes.
La crise latente entre l’UP-R et ses anciens alliés autonomistes crée une situation explosive que certains observateurs n’hésitent pas à qualifier de temps de crise larvée.
Pour plusieurs analystes, cette série de démissions n’est pas un simple fait divers partisan, mais le symptôme d’une rupture de confiance généralisée.