Le groupe parlementaire Les Démocrates remet sur la table sa proposition de loi sur l’amnistie, visant à accorder le pardon judiciaire à certaines figures politiques poursuivies ou condamnées.
Longtemps mise de côté après son rejet en commission des lois, l’initiative pourrait bien ressurgir au cours des travaux parlementaires en cours.
Lors d’une récente séance plénière à l’Assemblée nationale, Nourénou Atchadé, président du groupe parlementaire Les Démocrates, a interpellé ses collègues, tous bords confondus, ainsi que le président de l’institution, Louis Vlavonou. Il a plaidé pour une relance du processus :
« Nous avons un important projet de loi qui dort dans vos tiroirs : celui de l’amnistie. Monsieur le Président, ne pourrions-nous pas le dépoussiérer et l’examiner ensemble ? »,
a-t-il lancé, selon les propos rapportés par Banouto.
Pour ce ténor de l’opposition, l’adoption d’une telle loi pourrait contribuer à décrisper le climat sociopolitique, à l’approche des élections générales de 2026. Il y voit également une opportunité d’accompagner le président Patrice Talon vers une sortie honorable à la fin de son second mandat :
« Le chef de l’État lui-même a exprimé le souhait de quitter le pouvoir par la grande porte. Nous pouvons l’y aider à travers cette initiative », a souligné M. Atchadé.
Dans un appel au consensus, il a invité tous les groupes parlementaires à se joindre à cette démarche :
« Retrouvons ensemble ce texte, travaillons-y collectivement, quelle que soit notre obédience politique, et votons-le. Vous verrez, la République entière vous en sera reconnaissante. »
Un enjeu politique sensible
Reste à savoir si cette main tendue trouvera un écho favorable auprès de la majorité parlementaire, largement acquise à la mouvance présidentielle.
Pour mémoire, la proposition de loi sur l’amnistie pourrait bénéficier à des personnalités emblématiques de l’opposition, telles que le professeur Joël Aïvo (condamné à 10 ans de prison) et l’ex-ministre Reckya Madougou (condamnée à 20 ans), tous deux jugés par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).
Il faut aussi rappeler que le président Patrice Talon n’entend pas accorder de grâce présidentielle aux personnalités politiques concernées, le pardon pouvant parfois être une faute. La majorité qui lui est qualifiée pourra-t-elle travailler dans le sens de la libération de ces personnalités ? La main des démocrates reste tendue.