Mali: l’ancien premier ministre Choguel Maïga déposé en prison
L’ancien Premier ministre civil du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a été inculpé mardi 19 août 2025 pour « atteinte aux biens publics, faux et usage de faux ». Au terme d’une semaine de garde à vue, il a été présenté devant la chambre d’instruction de la Cour suprême qui a décidé de le placer sous mandat de dépôt. Aucune date n’a encore été fixée pour son procès.

SOMMAIRE
Arrêté le 12 août 2025, Choguel Maïga a passé sept jours en garde à vue au Pôle économique et financier de Bamako avant d’être entendu par la justice. Selon le réquisitoire du procureur général, il devra répondre de faits présumés de détournement de biens publics. Son avocat, Maître Cheick Oumar Konaré, affirme qu’il reste « serein » et qu’il « croit en la justice ».
Une rupture avec la junte depuis 2024
Nommé Premier ministre en 2021 par le colonel Assimi Goïta, Choguel Kokalla Maïga avait été limogé en novembre 2024 après avoir dénoncé la mainmise des militaires sur la transition.
Il s’était publiquement plaint d’être écarté des décisions, notamment sur la prolongation du pouvoir des généraux malgré leur engagement initial de restituer l’autorité à des civils élus.
En février 2025, il avait confirmé la « rupture consommée » entre sa coalition du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et la junte, dénonçant « des arrestations et détentions extrajudiciaires » visant ses partisans. Des audits menés en janvier 2025 l’accusaient de malversations financières, accusations qu’il a toujours rejetées.
Des collaborateurs également visés
Son interpellation est intervenue dans un contexte de tensions sécuritaires et politiques, marqué par l’arrestation d’une cinquantaine de militaires accusés de complot contre le régime, dont deux généraux.
Dans ce même dossier, huit anciens collaborateurs de l’ex-Premier ministre ont également été placés en garde à vue, parmi lesquels son ancien directeur de cabinet, Issiaka Ahmadou Singaré, et trois anciens directeurs administratifs et financiers de la Primature.
Toutefois, dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, l’entourage de Choguel Maïga a indiqué que le professeur Singaré, âgé de 80 ans, n’est plus détenu. L’ex-chef du gouvernement s’est quant à lui réjoui de cette décision, estimant qu’« un homme politique doit s’attendre à tout, y compris à la prison et à la mort ».
Une opposition fragilisée face à la junte
Depuis son limogeage, Choguel Kokalla Maïga est devenu une figure d’opposition à la junte, qui a multiplié les mesures coercitives contre ses adversaires à savoir des dissolutions d’organisations, des restrictions des libertés publiques et poursuites judiciaires.
Le climat politique est d’autant plus tendu que le pays est plongé dans une double crise, sécuritaire, avec l’activisme des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, et économique, aggravée par l’isolement diplomatique.
Les militaires au pouvoir, qui se sont détournés des partenaires occidentaux, ont renforcé leur alliance avec la Russie au nom du souverainisme, tout en réprimant l’opposition. Le procès de Choguel Maïga, s’il est fixé, devrait constituer un nouveau test pour l’indépendance de la justice malienne.

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