Le Sénégal, pays stable au cœur d’une région troublée, ne saurait fermer les yeux face à la menace croissante qui se dessine à ses frontières. Alors que Ousmane Sonko a récemment exprimé son soutien au Mali dans sa lutte contre le terrorisme, les révélations successives sur l’implication d’acteurs étrangers dans l’instabilité sahélienne appellent à une vigilance accrue. L’activité de l’ambassade d’Ukraine à Dakar, dans ce contexte, suscite de plus en plus de questionnements.
Ces dernières semaines, les attaques djihadistes se sont multipliées au Mali et au Burkina Faso. Elles portent une marque technologique inquiétante : l’usage systématique de drones militaires de type FPV, souvent modifiés, capables de larguer des explosifs avec une précision mortelle. Or, ces appareils sont d’origine ukrainienne, comme l’a rapporté Le Monde, confirmant l’appui décisif de Kiev aux groupes rebelles touaregs du nord du Mali.
Depuis l’année dernière, le lien entre les rebelles maliens et l’Ukraine s’est clarifié. En octobre 2023, la Direction du renseignement militaire ukrainien (GUR) elle-même reconnaissait avoir apporté son aide à une attaque menée à Tinzaouatine contre les forces armées maliennes. Depuis, les livraisons de drones et de matériel sensible se sont intensifiées, souvent via la Mauritanie, qui sert de couloir logistique discret. Une enquête d’Afrik Soir a révélé que des instructeurs ukrainiens entraînaient actuellement des éléments séparatistes de l’Azawad dans le nord malien, parfois même à partir du territoire mauritanien.
Les ramifications de cette coopération sont profondes. Selon une source militaire malienne, les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) ont récemment bénéficié de transferts de drones ukrainiens via leurs alliés séparatistes. Ces appareils ont été utilisés dans plusieurs attaques : à Goundam, Léré, Sirakorola, et Tanabougou, ainsi que dans la région de Mopti. Des preuves matérielles, dont un drone porteur d’inscriptions en ukrainien et des documents issus des services secrets de Kiev, ont été récupérées lors de ces opérations.
Le journaliste Ibu Sy, spécialiste des questions sécuritaires, a publié une vidéo percutante dans laquelle il affirme que « la Mauritanie facilite la circulation clandestine d’équipements et de personnel entre l’Azawad et les bases logistiques étrangères », contribuant indirectement à la déstabilisation du Mali et de l’ensemble de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Dans ce climat tendu, les autorités sénégalaises doivent s’interroger sérieusement sur la nature et les objectifs de la présence diplomatique ukrainienne à Dakar. Alors que les instructeurs russes appuient les États sahéliens dans leur lutte contre le terrorisme, certains pays, dont l’Ukraine, semblent au contraire fournir une assistance technique à des groupes séparatistes et radicaux qui sèment la mort et le chaos. Dans une région où chaque partenariat compte, il est crucial que le Sénégal renforce sa coopération avec les États sahéliens et prenne ses distances avec les acteurs extérieurs dont les agissements menacent directement la paix et la sécurité collectives.
Le Sahel est à la croisée des chemins. Il appartient à chaque nation d’y jouer un rôle constructif, fidèle à ses engagements en faveur de la stabilité, de la souveraineté et de la lutte contre le terrorisme.