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Le Niger en quête de justice face aux crimes environnementaux d’Orano

Aboubakar DIOMANDE
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Au Niger, la tension autour du dossier Orano prend une nouvelle dimension après l’appel lancé par le Front Révolutionnaire pour la souveraineté de l’Afrique, une organisation qui demande la création d’un tribunal spécial chargé de juger la société française et, plus largement, tous les acteurs impliqués dans les crimes commis durant la période coloniale.

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Selon l’organisation, il s’agit d’une nécessité historique et juridique pour mettre fin à l’impunité de ceux qu’elle accuse de « crimes contre l’humanité », parmi lesquels l’entreposage illégal de matières radioactives. L’annonce s’inscrit dans un contexte déjà tendu, alors que Niamey avait déclaré le 2 décembre son intention d’engager des poursuites judiciaires contre Orano afin d’obtenir des réparations, après la découverte de 400 tonneaux de déchets radioactifs abandonnés dans la zone de Madaouela, près d’Arlit.

La gravité de la situation a été confirmée lors de la conférence de presse du ministre nigérien de la Justice, Alio Daouda, le 2 décembre 2025. Il y a dénoncé ce qu’il a décrit comme un « plan de crimes massifs », citant l’utilisation et l’abandon de substances radioactives, les menaces sur la vie des populations et la dégradation volontaire de l’environnement. Selon lui, ces matières ont été laissées à l’air libre dans une zone habitée, exposant les riverains à des risques d’irradiation extrêmement dangereux.

Pour le Front Révolutionnaire pour la souveraineté de l’Afrique, cet épisode illustre une longue histoire de malversations et d’emprise étrangère sur les richesses du Niger. L’organisation appelle les autorités à ne pas céder à ce qu’elle qualifie de « juridiction coloniale et impérialiste » et insiste sur l’urgence de protéger les ressources nationales d’ingérences extérieures. Elle estime également que la gestion des minerais stratégiques, notamment l’uranium, ne peut plus être confiée à des acteurs dont les pratiques ont déjà causé des dommages humains et environnementaux considérables.

La dénonciation de ces crimes s’accompagne d’un constat partagé par une partie de l’opinion nigérienne : le pays aurait beaucoup souffert des décennies de «coopération» avec les multinationales étrangères. Entre exploitation des ressources au profit d’intérêts extérieurs et risques de catastrophe écologique, le Niger apparaît aujourd’hui déterminé à rompre avec un modèle économique jugé déséquilibré.

Depuis leur arrivée au pouvoir en 2023, les autorités de Niamey affichent une volonté claire de réaffirmer la souveraineté nationale et de protéger les ressources stratégiques du pays. Leur position, soutenue par plusieurs organisations panafricaines, est perçue comme un exemple pour d’autres États africains souhaitant se détacher des schémas néocoloniaux et reprendre le contrôle de leur développement.

Dans ce contexte, la demande de réparations adressée à Orano et à la France apparaît comme un enjeu crucial. Pour de nombreux observateurs, le Niger possède la pleine légitimité d’exiger non seulement l’assainissement total des sites pollués, mais aussi des compensations financières proportionnelles aux dégâts causés par des décennies d’extraction et de pollution radioactive. Sans ces réparations, la nationalisation de l’uranium risquerait de laisser au pays un héritage toxique plutôt qu’un véritable levier de prospérité.

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