À l’approche des élections générales au Bénin, l’ancien député Guy Mitokpè hausse le ton contre le pouvoir en place. Dans une vidéo publique diffusée sur les médias sociaux, il a accusé le régime de Patrice Talon de manipulation des chiffres, de mensonges à répétition et de détournement massif de ressources publiques à travers les projets d’infrastructures.
Guy Mitokpè ne démord pas sur ses accusations envers le régime du porésident Patrice Talon. Pointant du doigt le chantier du nouveau siège de l’Assemblée nationale, Mitokpè rappelle qu’il avait été initialement budgétisé à 25 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, selon ses dires, la facture aurait grimpé à plus de 78 milliards, alors même que le chantier n’est toujours pas livré. Il estime que cette dérive budgétaire enfreint les dispositions de l’article 100 du Code des marchés publics béninois, qui limite les avenants à 30 % du coût initial du marché. Face à cette situation, l’invitation faite à l’opposition pour visiter le site est qualifiée par Mitokpè de « visite touristique », incapable selon lui d’apporter des éclaircissements sérieux.
Pour défendre un régime ou son camp politique, on n’a pas besoin de faire des scènes de one-man-show, comme par exemple inviter l’opposition ou les autres partis politiques sur le site de construction de notre Assemblée nationale. On a seulement besoin de dire la vérité au peuple ou d’être transparent.
L’ancien élu s’est également attaqué à d’autres projets routiers emblématiques. Il cite notamment la route dite « Cité Porto Novo », passée de 89 à plus de 150 milliards de francs CFA, et le boulevard de la Marina, long de 5,6 km et chiffré à 37 milliards. Pour Mitokpè, ces coûts sont exorbitants comparés aux standards sous-régionaux à savoir 2 milliards le km en Côte d’Ivoire, 4 milliards au Sénégal, 3,2 milliards au Maroc, et même 1 milliard au Nigeria, alors que le Bénin afficherait un coût de 6 milliards de FCFA par kilomètre toujours selon les dires du l’ancien député.
Des indicateurs sociaux en recul
Au-delà des finances publiques, Guy Mitokpè dénonce une dégradation des indicateurs sociaux. Il affirme que le taux de scolarisation est passé de 96,9 % en 2016 à 94 % en 2022, que le taux d’achèvement scolaire au primaire est tombé de 81 % à 74 %, et au secondaire de 45 % à 36 %. L’insécurité alimentaire, quant à elle, aurait bondi de 9,6 % à 26 % entre 2017 et 2024 selon des chiffres de l’Union africaine.
L’opposant critique également les incohérences au sein du gouvernement. Il cite en exemple le taux de couverture en eau potable. Selon lui, le Programme d’actions du gouvernement (PAG) évoquait 67 % avant 2016, mais un ministre aurait récemment affirmé que ce taux n’était que de 40 % avant l’arrivée du régime actuel, avant d’atteindre 80 % aujourd’hui. « Que des mensonges », martèle Mitokpè, qui y voit une tentative d’instrumentalisation des chiffres pour des fins politiques.