Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) n’en peut plus de faire de la figuration. C’est le message sans équivoque que son Secrétaire général adjoint, Gratien Ahouanmenou, a laissé transparaître dans un entretien accordé à Bip Radio ce mercredi 4 juin 2025.
Alors que des rumeurs de rupture avec l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) circulent, le responsable politique a levé un coin de voile sur le malaise profond qui secoue les entrailles de l’ex-parti arc-en-ciel.
« Le PRD n’est pas comme les autres partis politiques où on vient placarder les gens. » Cette déclaration, bien plus qu’une pique, résume la crise identitaire et stratégique que traverse le PRD au sein de la coalition UP le Renouveau.
À en croire Ahouanmenou, les militants du PRD vivent une véritable frustration dans la gestion interne de l’UPR. Ils ont le sentiment d’être marginalisés, ignorés, relégués au second plan. Le reproche central: le PRD n’est pas consulté sur les grandes décisions politiques, même quand elles concernent directement ses fiefs historiques.
« Regardez, on veut aller à des élections importantes, mais les responsables du PRD n’ont pas été consultés pour savoir qui veut être candidat », déplore-t-il.
Pour un parti qui a toujours fonctionné dans une logique de base participative et de bouillonnement électoral, ce mode opératoire est inacceptable. Le SGA rappelle d’ailleurs que lors des communales de 2020, la constitution de la liste des candidats s’est faite sans écouter la base, ce qui a conduit à des résultats « mitigés ».
Un fief politique à reconquérir… et à gérer
En filigrane, le véritable combat du PRD n’est pas de rompre pour rompre. Le parti veut avant tout reconquérir son influence locale, notamment dans ses bastions du sud, avec une marge d’autonomie stratégique.
A croire Gatien Ahouanmènou, le PRD veut qu’on le laisse gérer son fief politique pour les élections à venir, dans un accord de gouvernance. C’est donc une autre forme de collaboration qu’exige le parti de Me Adrien Houngbédji.
Le PRD ne veut pas seulement des postes ou des quotas, il exige la liberté d’organiser sa stratégie terrain, de choisir ses candidats, d’animer ses bases.
Rupture, renégociation ou recomposition ?
Faut-il en conclure que le divorce avec l’UPR est consommé ? Pas encore. Le ton d’Ahouanmenou reste ouvert, mais ferme. Si le PRD est compris, sa relation avec l’UP le Renouveau peut encore se poursuivre, nuance-t-il. Selon lui « Tout reste possible… « . Continuer avec l’UP le Renouveau, aller avec Les Démocrates ou autres.
Une phrase qui sonne comme une mise en garde diplomatique, voire une invitation à la table des négociations. Le PRD se positionne désormais comme un acteur lucide et exigeant qui ne veut plus servir de caution silencieuse à des stratégies politiques verticales.
En somme, le PRD veut exister politiquement, pas survivre électoralement. Derrière les crispations actuelles, le vrai sens du combat du PRD est désormais clair: Ne plus être un parti tampon, récupérer sa souveraineté de terrain pour communier avec sa base et peser réellement dans les équilibres politiques à venir.
Ce n’est donc pas un simple bras de fer juridique ou une crise passagère d’ego. C’est une réaffirmation identitaire, une tentative de renaissance stratégique avec ou sans l’Union Progressiste le Renouveau.
Si le PRD réussit sa fronde, il pourra pour les élections à venir avoir ses propres élus pour espérer peut-être en 2031 obtenir la capacité de parrainer un candidat ou un duo de candidat aux élections présidentielles. Sinon avec le jeu de parrainage, le jeu politique est verrouillé pour plusieurs décennies et le PRD condamné à fondre totalement et à disparaître au sein de l’UP le Renouveau.
En effet, tel que les choses fonctionnent, après les élections générales de 2026, si ce qui s’observent se produisent, la désignation du duo de candidats pour les présidentielles sera le jeu exclusif de la mouvance actuelle. Il est donc bénéfique pour la démocratie que le PRD sort du tutelle politique et avoir ses propres élus afin de peser plus tard pour l’équilibre politique.