Partenariat GCO-Méouane : entre développement local affiché et soupçons de manœuvre stratégique

En août 2025, la tension était à son comble entre la mairie de Méouane et la Grande Côte Opérations (GCO), filiale sénégalaise du groupe français Eramet. Le maire Cheikh Sall dénonçait alors de « graves lacunes » dans les activités de la société minière, accusée de violations des droits humains et d’atteintes majeures à l’environnement. Il avait même annoncé son intention de saisir la justice pour réclamer des réparations, au nom d’une « véritable justice écologique ».
Depuis plusieurs années, Eramet GCO est au cœur d’une controverse persistante au Sénégal. Ses activités d’exploitation du zircon sont régulièrement critiquées pour leurs conséquences sur la santé publique, la dégradation des sols et le déséquilibre économique local. Les manifestations d’habitants et d’organisations de la société civile se sont multipliées, appelant à la suspension des opérations minières et à la révision d’accords jugés désuets et défavorables aux populations.
Pourtant, à la surprise générale, un protocole d’accord a été signé le 25 septembre 2025 entre Eramet GCO et la mairie de Méouane, sous la supervision du sous-préfet de l’arrondissement. L’entreprise s’y engage à financer divers projets communautaires, notamment la construction d’une école et d’autres initiatives sociales présentées comme un appui au développement local.
Mais derrière cette apparente réconciliation, les observateurs voient plutôt une opération de communication habile. Méouane, commune jusque-là en opposition frontale avec GCO, devient soudain bénéficiaire de sa « politique sociale ». Pour de nombreux analystes, ce retournement s’apparente à une manœuvre visant à apaiser les tensions et à éviter un procès potentiellement coûteux. D’autres y voient un recul du maire Cheikh Sall, dont les déclarations saluant « l’implication d’Eramet dans le développement économique et social de sa commune » ont été jugées contradictoires avec sa position antérieure.
Cette entente relance un débat fondamental : peut-on compenser des dommages écologiques et sociaux durables par quelques infrastructures scolaires ou des dons ponctuels ? À Méouane, le calme retrouvé semble fragile. Beaucoup redoutent que ce type d’accord, présenté comme un partenariat gagnant-gagnant, ne soit en réalité qu’un moyen d’acheter la paix sociale au détriment de la justice environnementale.
