Ce vendredi 20 décembre 2024, Patrice Talon s’est adressé aux élus du peuple pour délivrer son discours annuel sur l’état de la Nation. Dans un exercice rodé, le président a dressé un tableau des progrès réalisés sous son mandat tout en reconnaissant les défis auxquels le Bénin reste confronté. Mais derrière les chiffres et les constats, une analyse critique s’impose sur les orientations, les omissions et les contradictions de cette intervention.

Entre une rhétorique d’autosatisfaction et des aveux de lacunes, le Président a tracé un tableau qui se veut réaliste, tout en nourrissant l’espoir d’un avenir meilleur pour les Béninois. Dès les premières lignes, Patrice Talon a adopté un ton solennel et inclusif, saluant la démocratie béninoise comme un « temple de la contradiction politique, constructive ». Ce prélude, qui semble calibré pour apaiser les tensions politiques, prépare le terrain à une litanie de progrès revendiqués dans divers secteurs.

L’école béninoise a oublié les années scolaires irrégulières émaillées de grèves sauvages. Le microcrédit s’est définitivement débarrassé de l’allégeance politique et du rançonnement, et le nombre de bénéficiaires ne cesse de croître. Le secteur judiciaire s’améliore de plus en plus, même si l’effectif de magistrats nécessaires reste largement insatisfait, faute de postulants qualifiés. Mais l’État met les bouchées doubles pour combler le déficit et assurer la formation.

Le chef de l’État a notamment mis en exergue les progrès dans l’accès à l’eau potable, indiquant que le taux de couverture a atteint 80 % en fin d’année, contre 42 % en 2016. « L’eau potable n’arrête pas de gagner de plus en plus de localités », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant les retards causés par des échecs de forages dans certaines régions. Si cette avancée est louable, elle mérite d’être mise en perspective : les chiffres flatteurs sur la couverture ne suffisent pas à refléter les disparités régionales profondes ni à pallier les défaillances récurrentes dans l’entretien des infrastructures, lesquelles compromettent durablement l’accès effectif à ce service essentiel. Ces avancées masquent par ailleurs un défi de taille : comment maintenir ces infrastructures sur le long terme et garantir un accès équitable aux ressources pour les communautés marginalisées ?

La lutte contre le terrorisme : une lecture simpliste d’un problème complexe

Le président a abordé la sécurité comme une priorité nationale, notamment dans le nord du pays. Il a reconnu que « nos forces de défense et de sécurité continuent d’être éprouvées par des terroristes en totale liberté dans des pays voisins ». Toutefois, l’assurance affichée quant à la capacité des investissements en cours à contenir ces menaces suscite des interrogations légitimes. En effet, le terrorisme, par sa nature intrinsèquement transnationale, dépasse largement la seule question des ressources matérielles. Il implique une compréhension approfondie des dynamiques locales et internationales ainsi qu’un engagement ferme dans une coopération régionale renforcée.

Le seul domaine dans lequel Nous sommes toujours à la peine, reste celui de la lutte contre le terrorisme sur la frontière nord du territoire. Malgré nos efforts qui nous permettent de contenir le mal, voire de le faire reculer, nos forces de défense et de sécurité positionnées sur nos lignes de frontière nord continuent d’être éprouvées par des terroristes. en totale liberté dans des pays voisins. Cependant, je peux vous affirmer que les investissements qui sont en cours, tant en matériel, en infrastructure qu’en ressources humaines, nous permettront, sous peu, de tenir les terroristes loin de notre territoire.

Cette dernière, à peine évoquée dans le discours, devrait pourtant être au cÅ“ur de toute stratégie visant des résultats durables et une résilience accrue face à cette menace. La complexité de la situation exige également une implication accrue de la société civile et des initiatives locales pour prévenir l’extrémisme violent, autant de pistes sur les quelles le président était attendu.

Cherté de la vie et pouvoir d’achat – Infrastructures

Un autre axe de l’intervention présidentielle a concerné la cherté de la vie et le pouvoir d’achat, problématiques centrales pour la majorité des Béninois. Talon a qualifié ce sujet de « point d’insatisfaction et de peine », avant d’énoncer une vision plus long-termiste : « Ensemble, nous construisons jour après jour le pays afin qu’il offre à chacun les meilleures opportunités d’épanouissement en fonction des efforts fournis ».

Dans le domaine des infrastructures, le président s’est félicité des projets tels que la cité ministérielle d’Abomey Calavi ou le Centre hospitalier universitaire international d’Abomey Calavi. Selon Patrice Talon, « nos réalisations dans ce domaine ne sont pas seulement des symboles, mais des moteurs de modernisation de notre nation. » Il a également affirmé : que « ces infrastructures, par leur qualité et leur ampleur, redéfinissent notre ambition et notre identité sur la scène régionale et internationale. ».

Ce discours, bien qu’inspirant, démontre un certain décalage par rapport aux réalités sociales où les préoccupations urgentes et immédiates prennent souvent le pas sur des promesses d’avenir qui, bien que porteuses d’espoir, tardent à répondre aux attentes concrètes et pressantes des citoyens. Dans un contexte où l’inflation continue de peser sur les ménages les plus vulnérables, ces déclarations paraissent insuffisantes pour répondre à l’impatience légitime de la population.

L’énergie : des progrès réels mais insuffisants

Dans le secteur énergétique, le président a admis que le succès des branchements ménagers et de l’industrialisation a surpassé les prévisions initiales, causant des tensions sur le réseau. Patrice Talon a souligné que « l’explosion de la demande en énergie électrique témoigne de notre dynamique économique et de la confiance des citoyens dans nos efforts. » Il a également ajouté que « nous avons d’ores et déjà lancé des projets structurants pour accroître significativement notre capacité de production. » Pour Patrice talon, « dans les deux années à venir, le Bénin disposera d’un réseau énergétique plus fiable et adapté à ses ambitions. »

Si des solutions sont annoncées pour les deux prochaines années, cette situation semble être une gestion réactive plutôt que proactive, un manque d’anticipation qui risque de freiner le développement de ce secteur clé. En effet, l’anticipation des besoins croissants en énergie, tant pour les ménages que pour les industries, aurait permis de minimiser ces tensions sur le réseau et d’assurer une croissance plus harmonieuse. Les défis structurels, tels que l’intégration des énergies renouvelables et l’amélioration des capacités de production locales, devront être adressés rapidement pour éviter une crise énergétique plus grave.

Gouvernance et transparence : des progrès tangibles

Le discours a également mis en avant des progrès en matière de gouvernance et de transparence budgétaire. Le classement du Bénin comme « deuxième en Afrique et premier de l’espace francophone » en transparence budgétaire est un accomplissement notable. Pour le Chef de l’Etat, « la bonne gouvernance est aujourd’hui la marque de fabrique de notre administration publique. » car, dit-il, « nous avons rompu avec les pratiques du passé pour instaurer un système où seul le mérite guide l’accès aux responsabilités. » Enfin, Pqtrice Talon trouve que « notre gestion rigoureuse et transparente inspire confiance, non seulement chez nos citoyens, mais aussi auprès de nos partenaires internationaux. »

Le Bénin, notre pays, a trouvé son chemin et cela est irréversible. Peu importe l’opinion et le souhait des nostalgiques en quête d’un retour à notre passé honteux. Fini, fini, l’usurpation du pouvoir politique par des vendeurs d’illusions incompétents et mal intentionnés. Aucune supplication, aucun râlement, aucune menace ne nous fera reculer. Honorable député, aucun compromis politique préjudiciable à notre développement ne sera concédé. pour faire plaisir à qui que ce soit ou satisfaire un quelconque consensus politique. Le Bénin est au-dessus de tout. La démocratie et la compétition politique devront désormais être exclusivement et absolument au service du développement.

Cependant, il est crucial que cette transparence budgétaire se traduise non seulement par une gestion rigoureuse, mais aussi par des actions concrètes visant à réduire les inégalités sociales et économiques qui continuent de fragiliser le tissu social béninois. L’efficacité de ces réformes dépendra de leur impact tangible sur le quotidien des citoyens, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi.

Culture et tourisme : des atouts à valoriser davantage

Enfin, Patrice Talon a conclu sur une note positive en louant le rayonnement artistique, culturel et touristique du Bénin. Selon lui, « ce patrimoine exceptionnel, ancré dans notre histoire et notre identité, peut devenir un levier puissant pour le développement économique. » Selon lui, « notre culture est une richesse inestimable qui doit nous rassembler et nous projeter sur la scène mondiale. » et « le patrimoine béninois est une source intarissable d’opportunités pour créer des emplois et valoriser notre identité. » Pour Patrice Talon, « nous ne devons pas seulement préserver notre culture, mais en faire un levier stratégique pour notre développement économique et social. »