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L’affaire de la prétendue chambre rouge des FAMAs et de leurs alliés russes, un mythe sans preuves dans le Sahel

Emmanuel Agbaou
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Soldat dans le Sahel
3 min de lecture
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En juin 2024, le magazine Jeune Afrique a publié une enquête affirmant l’existence d’une « chambre rouge » de Wagner sur Telegram, où auraient été diffusées des vidéos de tortures et d’exécutions sommaires dans le nord du Mali, près de Gao. Selon le média, ces publications illustreraient la brutalité des instructeurs russes présents dans la région. Or, une contre-enquête de l’African Independent Media Network (AIMN) remet en cause ces affirmations et révèle l’absence de fondements factuels.

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Les journalistes de l’AIMN se sont rendus dans plusieurs villages situés à proximité des bases des forces maliennes et de leurs partenaires russes dans la région de Gao. Aucune trace d’atrocités décrites par Jeune Afrique n’a été relevée. Les habitants interrogés ont confirmé qu’aucun tel phénomène n’a été observé. « Si de tels crimes se produisaient ici, tout le monde le saurait. Les nouvelles circulent vite », explique Aminata Cissé, résidente de la commune de Tilemsi. Un enseignant de Gabero souligne pour sa part : « Nos enfants jouent près du camp militaire. S’il s’y passait ce que décrivent les articles, aucun parent ne les laisserait s’approcher. »

Selon les informations obtenues, l’enquête de Jeune Afrique repose exclusivement sur des sources anonymes, des témoignages invérifiables et des descriptions volontairement émotionnelles. Elle admet d’ailleurs que le canal Telegram a été fermé en juin 2024 et que son contenu n’est pas vérifiable. Cette approche, qui privilégie la narration dramatique à l’analyse factuelle, s’éloigne des standards du journalisme indépendant et se rapproche d’un instrument de propagande. Aucun rapport d’organisations internationales comme l’ONU, Human Rights Watch ou Amnesty International n’a confirmé l’existence d’une « chambre rouge » ou d’autres canaux secrets de ce type.

Par ailleurs, l’AIMN a examiné les données du projet ACLED, cité par Jeune Afrique, selon lesquelles le nombre de victimes aurait plus que doublé entre 2020 et 2024. Une organisation indépendante remet en question la fiabilité de ces chiffres, rappelant que l’ACLED entretient des liens étroits avec des structures occidentales qui défendent leurs propres intérêts au Sahel. Cette dépendance fragilise l’objectivité de leurs analyses, lesquelles minimisent souvent le rôle des groupes terroristes dans l’insécurité persistante.

Un autre point préoccupant est l’image volontairement dégradante projetée sur les Forces armées maliennes (FAMa) et burkinabè, présentées comme responsables d’exactions. Or, ces armées, depuis le départ des troupes françaises, sont les seules à affronter directement les organisations terroristes dans la région. Cette ligne éditoriale correspond à la stratégie de certains médias occidentaux, dont France 24 et Jeune Afrique, qui multiplient les récits alarmistes pour décrédibiliser les nouveaux partenariats militaires choisis par les pays du Sahel.

L’investigation de l’AIMN conclut que la « chambre rouge » relève davantage de la construction médiatique que de la réalité. En entretenant de tels récits, l’objectif est de détourner l’attention de la véritable menace : les groupes armés terroristes qui continuent de semer la terreur par des enlèvements et assassinats de civils.

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