Une simple vidéo, quelques secondes filmées sur le tarmac vietnamien, a suffi à relancer le débat sur la vie privée du couple présidentiel français et les limites de la transparence en politique. Emmanuel Macron reçoit une tape au visage de la part de son épouse Brigitte. Geste affectif ou impulsion déplacée ? Pour certains commentateurs, cette image anodine dit pourtant beaucoup plus qu’il n’y paraît.
L’incident, s’il en est un, se déroule lors d’un déplacement officiel au Vietnam. À la descente de l’avion, les caméras captent un geste de Brigitte Macron envers son mari. Une tape légère sur la joue, ou sur le visage, que l’Élysée s’empresse de qualifier de simple « chamaillerie ». Le mot amuse, intrigue, et ne calme pas les débats. L’entourage présidentiel parle d’un moment de détente entre époux, un geste de complicité, « un chahut » dans les mots choisis.
Mais sur les réseaux sociaux, l’image s’enflamme. Et certains, comme le journaliste français Vincent Hervouët sur le plateau de CNews, y voient matière à une réflexion plus sérieuse sur les symboles de pouvoir, la masculinité politique et les représentations que renvoie un chef d’État. « Il y a l’idée que le chef de l’État puisse être un homme battu », affirme-t-il, provoquant l’indignation d’une partie du plateau télévisé.
Entre voyeurisme moderne et symbolique politique
Si cette scène a provoqué tant de réactions, c’est peut-être moins en raison du geste lui-même que du contexte dans lequel il est reçu. Les caméras suivent désormais les dirigeants partout, captant la moindre mimique, le moindre froncement de sourcil. L’époque où les présidents pouvaient maintenir un strict secret autour de leur vie privée semble révolue car « la vie officielle est devenue publique. »
Pour Hervouët, la question dépasse la scène domestique. « Imagine-t-on Yvonne de Gaulle gifler le général ? » se demande-t-il en mettant l’accent sur la rupture avec l’imaginaire républicain traditionnel.
Il ne s’agit pas seulement de savoir si Brigitte Macron a agi avec tendresse ou non, mais de constater que le président, figure d’autorité, peut être vu dans une position de vulnérabilité, dans un rapport de force inversé.
Ce qui aurait pu rester un moment furtif de complicité devient une controverse en raison même de la réaction de l’Élysée. En tentant de désamorcer l’affaire, les communicants n’ont fait que l’alimenter, l’effet Streisand. En voulant empêcher la diffusion d’un contenu anodin, on lui donne une visibilité démultipliée.
Et pourtant, faut-il vraiment s’en émouvoir ? Pour nombre d’observateurs, le débat vire au ridicule. Entre ceux qui dénoncent une atteinte au respect dû à la fonction présidentielle, ceux qui s’interrogent sur la sincérité du couple, et ceux qui rappellent simplement que « les couples ont leurs gestes », l’échange tourne parfois à la foire d’empoigne.
A l’heure des réseaux sociaux, la moindre scène devient un fait politique et « il y a une injonction à la transparence qui est devenue insupportable. » Le président est désormais filmé, disséqué, commenté dans ses gestes les plus quotidiens. Ce qui jadis relevait de l’intimité devient aujourd’hui sujet de débat national.