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CPI : un outil à géométrie variable ? L’analyse de l’historien Tape Groubera

Bernard Allalo
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Cour pénale internationale (CPI)
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Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cour pénale internationale (CPI) continue de susciter des réactions sur le continent. Pour le professeur d’histoire ivoirien Tape Groubera, cette décision traduit un ras-le-bol face à une institution devenue, selon lui, « un instrument de répression ciblant l’Afrique ».

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« Le 20 mars 2003, les États-Unis et le Royaume-Uni ont envahi l’Irak sans mandat, provoquant la chute et l’exécution de Saddam Hussein, dans la souffrance du peuple irakien. Pourtant, ni George Bush ni Tony Blair n’ont été inquiétés, alors que la CPI venait tout juste d’être créée », rappelle l’universitaire.

À l’inverse, poursuit-il, la Cour a multiplié les procédures contre des dirigeants africains : République démocratique du Congo, Ouganda, Soudan, Centrafrique, Kenya, Côte d’Ivoire, Libye, Mali, Burundi… « Jamais elle ne s’est attaquée aux crimes des puissances occidentales », déplore-t-il.

Groubera cite également les cas de l’Irak et de Guantanamo, estimant que ces situations auraient dû faire l’objet d’enquêtes de la CPI. « Rien n’a été fait, parce qu’il s’agissait de grandes puissances », observe-t-il.

Pour l’historien, la décision des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ne traduit pas une volonté d’échapper à la justice, mais une affirmation de souveraineté. « Certains diront qu’ils craignent la CPI ; c’est faux. Ces dirigeants défendent leur indépendance judiciaire », insiste-t-il.

Il appelle d’ailleurs les autres nations africaines à faire confiance à leurs propres institutions : « Nous avons des juristes compétents. La justice africaine peut être tout aussi crédible et rigoureuse que celle des autres continents ».

Le chercheur rappelle que le Mali, le Niger et le Burkina Faso ne sont pas les premiers à tourner le dos à la Cour. Le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie avaient déjà franchi le pas. « Il est temps de bâtir un système judiciaire africain équitable, respectueux des droits de tous et libéré des pressions extérieures », plaide-t-il, convaincu que d’autres pays suivront cette voie.

En toile de fond, la critique d’une CPI accusée de pratiquer un « deux poids, deux mesures » persiste. Pour de nombreux observateurs, la méfiance grandissante envers l’institution reflète le sentiment d’injustice d’un continent qui refuse désormais de se laisser juger à sens unique.

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