Cameroun: opposant au président Paul Biya, Anicet Ekane est mort en prison
L’opposant camerounais Anicet Ekane, figure de la gauche nationaliste et candidat aux présidentielles de 2004 et 2011, est décédé lundi 1er décembre 2025 à Yaoundé à 74 ans. Arrêté en octobre après avoir soutenu la contestation électorale d’Issa Tchiroma Bakary, il est mort alors que son état de santé se dégradait en détention, sans que ses demandes d’évacuation sanitaire ne soient prises en compte.

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L’annonce de son décès en détention a provoqué un choc dans la classe politique camerounaise. Figure emblématique de l’opposition à Paul Biya, Anicet Ekane avait été interpellé le 24 octobre à Douala, à la veille de la publication officielle des résultats de la dernière présidentielle. Transféré au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé, il y avait été maintenu en garde à vue malgré des alertes répétées sur la détérioration de son état de santé.
Selon Valentin Dongmo, vice-président du Manidem, son parti, l’opposant présentait depuis plusieurs semaines des signes inquiétants nécessitant une prise en charge spécialisée. Des requêtes urgentes pour son transfert dans un hôpital adéquat et une évacuation sanitaire avaient été adressées aux autorités judiciaires et administratives, mais elles sont restées sans réponse.
Des alertes ignorées malgré une dégradation rapide
Anicet Ekane avait été arrêté en même temps que plusieurs responsables politiques ayant soutenu publiquement la revendication de victoire d’Issa Tchiroma Bakary à la dernière élection présidentielle. Le Manidem avait dénoncé des « arrestations abusives » visant, selon lui, à intimider les citoyens et à empêcher toute contestation des résultats ayant reconduit Paul Biya à la tête du pays.
Au SED, où il était détenu, l’état de santé de l’opposant aurait commencé à se dégrader rapidement, selon ses proches. Malgré les signaux d’alarme répétés, aucun transfert médical n’a été autorisé, une situation que le parti qualifie aujourd’hui d’ »abandon délibéré ».
Anicet Ekane n’en était pas à sa première arrestation. En février 1990 déjà, il avait été condamné par la justice militaire avant d’être gracié quelques mois plus tard. Sa mort en détention ravive aujourd’hui le débat sur les conditions de détention au Cameroun et sur le traitement réservé aux opposants politiques.
Sur les réseaux sociaux, des messages de consternation et d’indignation se multiplient. Plusieurs voix réclament l’ouverture d’une enquête indépendante pour éclaircir les circonstances exactes de son décès.

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