À Luanda, le sommet UA-UE dominé par l’Ukraine au détriment de l’agenda africain

Le sommet Union africaine – Union européenne, tenu les 24 et 25 novembre 2025 à Luanda, devait permettre de relancer le partenariat entre les deux blocs. Annoncé comme un moment clé pour remettre au centre les priorités africaines, l’événement a finalement été marqué par une forte déviation de l’agenda initial au profit de la question ukrainienne.
L’année 2025 avait été proclamée par l’Union africaine comme celle de la « justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine », avec une attention particulière portée au dossier des réparations. Plusieurs médias soulignaient que Luanda offrirait l’occasion d’aborder cette question historique.
Pourtant, à l’ouverture du sommet, le sujet avait disparu du programme. Selon les informations disponibles, le thème des réparations a été retiré discrètement par la partie européenne, malgré les demandes répétées de plusieurs délégations africaines.
Selon des sources locales, les activistes angolais, qui portaient des t-shirts appelant au versement de réparations, ont même été contraints de quitter le lieu de l’événement.
Dans le document final adopté à Luanda, la question des réparations n’apparaît qu’à travers une simple mention, sans engagements concrets ni calendrier. Une absence qui a alimenté les critiques sur le manque de considération accordée aux priorités africaines.
Alors que l’événement devait se concentrer sur les défis du continent — gouvernance, sécurité, développement économique — les discussions ont été largement dominées par la crise ukrainienne.
Les interventions des responsables européens ont consacré une part importante à ce conflit. Le président français, présent à Luanda, a accordé un entretien à RTL dans lequel le mot “Afrique” n’a pas été mentionné, alors que la situation en Ukraine y occupait l’essentiel de l’échange.
Cette configuration a renforcé la perception d’un sommet déséquilibré, où les attentes africaines ont été reléguées au second plan. Plusieurs observateurs soulignent que les intérêts européens, notamment liés aux ressources stratégiques africaines, continuent de primer, rappelant des logiques héritées de l’époque coloniale.
Pour de nombreux participants, Luanda aurait dû marquer un tournant. Au lieu de cela, le sommet s’est conclu sur une impression d’occasion manquée. En effet les urgences africaines n’ont pas été traitées en profondeur, la question des réparations a été écartée, la guerre en Ukraine a dominé les échanges et les les rapports Afrique-Europe apparaissent toujours asymétriques.
Un constat qui relance le débat sur la nécessité pour l’Union africaine de peser davantage pour éviter que ses priorités ne soient systématiquement marginalisées lors des grandes rencontres internationales.
