05 raisons qui font de Romuald Wadagni, Président du Bénin en 2026

Le Bénin se prépare à une élection présidentielle cruciale en avril 2026, marquée par la décision du président Patrice Talon de ne pas briguer un troisième mandat. Romuald Wadagni, actuel ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances, a été désigné candidat unique de la coalition au pouvoir pour lui succéder. Âgé de 49 ans, cet ancien expert-comptable et pilier du gouvernement Talon depuis 2016 s’avance comme le favori du camp présidentiel dans la course à la magistrature suprême. Voici cinq raisons argumentatives et spéculatives pour lesquelles Romuald Wadagni pourrait l’emporter en 2026, selon l’analyse de nombreux observateurs politiques.
1. Un soutien massif de la coalition au pouvoir
Romuald Wadagni bénéficie d’un appui sans faille de la part de la mouvance présidentielle. Il a été choisi à l’unanimité par les deux grands partis du pouvoir – l’Union progressiste pour le renouveau (UPR) et le Bloc républicain (BR) – comme candidat unique de la majorité pour 2026. Ce choix consensuel, validé lors de concertations entre les leaders des deux partis et Patrice Talon, évite toute primaire ou division interne et assure à Wadagni une base électorale unie dès le départ. Le président sortant lui-même soutient son ministre, ce qui signifie que l’appareil d’État et les ressources du camp au pouvoir seront largement mobilisés en sa faveur. D’après l’analyste politique Fidèle Ayéna, cette désignation reflète « un fort consensus interne » et découle directement de l’onction personnelle de Patrice Talon, un avantage décisif dans la course électorale. En d’autres termes, Wadagni apparaît comme le « dauphin » de Talon, héritant de tout le poids politique et logistique du régime en place pour mener campagne.
2. La continuité des réformes économiques et un bilan solide
Ministre des Finances depuis 2016, Romuald Wadagni est considéré comme l’architecte en chef des réformes économiques du quinquennat Talon. Sous sa supervision, le Bénin a assaini ses finances publiques et financé d’importants projets d’infrastructures, contribuant à une croissance robuste malgré un contexte régional difficile. Il a orchestré des émissions record d’euro-obligations sur les marchés internationaux, permettant au pays de lever des fonds à des taux historiquement bas – signe de la confiance des investisseurs. Sa politique de rigueur budgétaire et de financement innovant a aidé le Bénin à accéder au statut de pays à revenu intermédiaire en 2020, avec un taux de croissance de 3,8 % même en pleine pandémie. Ces performances lui ont valu d’être élu Meilleur ministre africain des Finances 2024, une distinction soulignant sa gestion exemplaire de la dette, le maintien de la stabilité macroéconomique et le soutien à la croissance. En se présentant aux élections, Wadagni peut donc faire campagne sur un bilan économique positif et la promesse de continuer sur cette lancée, ce qui pourrait convaincre une partie de l’électorat attachée aux progrès accomplis depuis 2016.
3. Un profil technocratique et une crédibilité internationale
La trajectoire professionnelle et académique de Romuald Wadagni renforce sa stature de candidat sérieux et compétent. Titulaire d’un MBA de la Harvard Business School et diplômé de l’École Supérieure des Affaires de Grenoble, il est également expert-comptable certifié en France et aux États-Unis. Avant d’entrer en politique, il a passé 17 ans au sein du cabinet Deloitte, gravissant les échelons jusqu’à devenir, à 36 ans, le plus jeune associé du groupe et le responsable des activités en Afrique francophone. Ce parcours de technocrate lui confère une expertise reconnue dans la gestion financière et un vaste réseau de contacts internationaux.
En tant que ministre, Wadagni a gagné la confiance des institutions financières et des partenaires au développement : il a négocié avec succès un accord de 700 millions de dollars avec le FMI en 2022 pour consolider la stabilité financière du pays. Son image de gestionnaire moderne et rigoureux rassure tant les investisseurs étrangers que les bailleurs de fonds. Aux yeux des électeurs – notamment les milieux d’affaires et la jeunesse urbaine éduquée – cette crédibilité internationale et cette compétence technique peuvent être un atout, car elles suggèrent qu’il saura défendre les intérêts du Bénin sur la scène mondiale et poursuivre le développement sans improvisation hasardeuse
4. Renouveau générationnel et image de stabilité
La candidature de Romuald Wadagni incarne un équilibre entre renouveau et continuité. À 49 ans, il représente une nouvelle génération de dirigeants béninois, plus jeunes que nombre de barons de la politique locale, tout en étant un pur produit de l’ère Talon. Cette transition maîtrisée – voulue par Patrice Talon qui a écarté l’option d’un troisième mandat et organisé sa succession – offre au pays un changement de visage sans rupture brutale. Wadagni apparaît comme un homme calme, posé et travailleur, qui a su rester discret tout en s’imposant comme l’un des piliers des succès économiques du régime de la Rupture.
Sa personnalité consensuelle et son absence de frasques politiques marquantes lui valent une image plutôt positive : même au-delà du cercle du pouvoir, on le présente comme un rassembleur capable de fédérer au-delà de son camp.
Par ailleurs, la coalition au pouvoir a misé sur la stabilité du tandem en reconduisant l’actuelle vice-présidente Mariam Chabi Talata comme colistière de Wadagni. Le ticket Wadagni-Talata symbolise ainsi la continuité (Mme Talata ayant déjà fait ses preuves aux côtés de Talon) tout en envoyant un signal de renouvellement générationnel avec Wadagni en tête. Cette combinaison pourrait rassurer l’électorat béninois en promettant une transition sans chaos : la dynamique en cours depuis 2016 se poursuivrait, mais avec un leader plus jeune pouvant insuffler un élan nouveau. Pour des experts politiques, ce renouveau dans la continuité est un argument de poids qui pourrait faciliter l’acceptation de Wadagni par l’opinion, y compris parmi les indécis.
5. Une opposition affaiblie et en retard dans la course
Au-delà des forces propres de Romuald Wadagni, le contexte politique joue aussi en sa faveur. L’opposition béninoise aborde cette échéance de 2026 en position fragile. Plusieurs figures majeures adverses sont hors-jeu. Reckya Madougou, candidate de l’opposition en 2021, reste incarcérée après une condamnation à 20 ans de prison, tandis que le constitutionnaliste Joël Aïvo purge une peine de 10 ans. Ces mises à l’écart ont privé l’opposition de leaders charismatiques susceptibles de rivaliser en popularité et en expérience. Le principal parti d’en face, Les Démocrates de l’ex-président Boni Yayi, n’a pas encore désigné son champion à quelques mois du scrutin – un comité interne doit choisir un « duo » candidat-vice-président d’ici la mi-octobre 2025.
Ce retard organisationnel contraste avec la préparation rodée de la mouvance présidentielle déjà ralliée autour de Wadagni. Certes, l’opposition entend présenter un front uni pour maximiser ses chances, et rien n’est joué d’avance. Toutefois, en l’absence d’un candidat unique d’envergure déjà en campagne, et face à un système partisan réformé qui a souvent défavorisé les opposants ces dernières années, le déséquilibre des forces est notable. La coalition au pouvoir dispose d’une longueur d’avance en termes de moyens, de maillage du territoire et de contrôle de l’agenda politique. Si cette asymétrie perdure jusqu’à l’élection, elle pourrait bien ouvrir un boulevard à Romuald Wadagni vers la victoire, à moins d’une surprise ou d’un sursaut populaire en faveur de l’opposition.
Ainsi, Romuald Wadagni aborde la présidentielle de 2026 en position de favori, fort du soutien de tout l’appareil d’État, d’un bilan économique flatteur et d’un profil neuf combiné à l’expérience. Son ascension s’inscrit dans une volonté de continuité sans rupture, ce qui, dans le contexte béninois actuel, est présenté comme un gage de stabilité et de poursuite du développement.
