La République du Bénin et la République fédérale du Nigeria se sont accordées sur leur vision de l’intégration régionale en signant un accord bilatéral d’envergure, à l’occasion du sommet de la CEDEAO organisé à Abuja. Cette initiative, qui place les deux pays à l’avant-garde des réformes économiques en Afrique de l’Ouest, symbolise une volonté politique forte de surmonter les obstacles à l’unité régionale et d’impulser une nouvelle dynamique de prospérité partagée.
La cérémonie officielle, tenue sous le haut patronage des présidents Bola Ahmed Tinubu et Patrice Talon, a réuni plusieurs personnalités de premier plan. Du côté nigérian, Dr. Jumoke Oduwole, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement, ainsi que l’ambassadrice Bianca Odumegwu-Ojukwu, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, ont apposé leur signature aux côtés de Madame Shadiya Alimatou Assouman, ministre béninoise de l’Industrie et du Commerce, et de Monsieur Olushegun Adjadi Bakari, ministre béninois des Affaires étrangères.
Ce nouvel accord vise à intensifier la coopération économique, à harmoniser les normes et à favoriser la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Il s’inscrit dans la perspective d’une intégration régionale plus poussée, conforme à l’esprit et à la lettre des textes fondateurs de la CEDEAO. En mettant l’accent sur la complémentarité des économies, les deux États s’engagent à transformer les échanges informels en un partenariat structuré, capable de répondre aux défis économiques et géopolitiques de la région.
« Prendre un nouveau départ pour sortir l’Afrique de la pauvreté »
Dans son allocution, le président Patrice Talon a salué la portée de cet engagement, tout en dressant un diagnostic sans concession des faiblesses du continent. Il a notamment insisté sur la nécessité de surmonter les dysfonctionnements administratifs et les obstacles bureaucratiques, qui contraignent souvent les populations et les acteurs économiques à privilégier l’informel.
« Notre échec principal, et qui est la cause de notre sous-développement, c’est bien notre incapacité à mettre en œuvre notre idéal. Cette responsabilité est partagée par tous les niveaux de l’administration et des gouvernements africains », a-t-il affirmé, appelant à une mobilisation collective des élites et des cadres pour « prendre un nouveau départ » et inscrire l’intégration économique dans les faits.
Le président béninois a également souligné l’importance pour l’Afrique de compter sur ses propres ressources et de s’inspirer de l’évolution des grandes puissances économiques, qui privilégient désormais la défense de leurs intérêts nationaux. « L’aide internationale n’existe plus et n’existera plus. Notre seul moyen de sortir de la pauvreté est de faire les efforts qu’il faut sur nous-mêmes pour nous développer », a-t-il lancé, prenant à témoin l’ensemble des responsables présents, mais aussi les citoyens béninois et nigérians.
S’appuyant sur l’exemple des États-Unis, il estime que le temps est venu pour l’Afrique de s’approprier pleinement son destin économique.
« Les États-Unis sont en train de défendre leurs intérêts au centime près, au mépris de la coopération internationale. Nous devrions saluer ce coup de fouet qui nous est donné et nous réveiller. »
Un nouveau modèle de coopération Sud-Sud
Cet accord, salué comme un acte pionnier au sein de la CEDEAO, traduit la volonté des deux pays de dépasser les logiques d’assistance pour instaurer une coopération ambitieuse, fondée sur la complémentarité, la confiance mutuelle et la responsabilité partagée. Le Bénin et le Nigeria affichent ainsi leur détermination à devenir les fers de lance d’une Afrique de l’Ouest plus résiliente et plus intégrée, capable d’offrir à ses populations un avenir de développement durable.
S’adressant directement à son homologue nigérian, Patrice Talon a formalisé l’engagement du Bénin dans cette dynamique qui pour lui est irréversible. « J’ai prié le président Tinubu d’accepter que le Bénin et le Nigeria soient les pionniers du passage à un nouveau palier en termes d’intégration. Nous avons des textes extraordinaires concernant l’économie, concernant l’intégration, mais on n’a pas beaucoup bougé. Le Bénin est prêt à franchir une étape réelle, concrète d’une intégration économique. », a t’il laissé entendre.
Il a par ailleurs interpellé l’ensemble de son gouvernement, ainsi que les ministres nigérians présents à traduire en faits, ces actes politiques.
« Nous avons donné les conseils qu’il faut à nos divers collaborateurs. Maintenant, j’interpelle mes ministres, et ceux du président Tinubu, pour que notre volonté, notre instruction d’aller plus loin dans notre intégration, soit une réalité. Et c’est désormais de leur responsabilité. »