Le leader de l’opposition tchadienne, Dr Succès Masra, a été entendu ce lundi 3 juin à N’Djaména par un juge d’instruction, dans le cadre de la procédure judiciaire engagée contre lui pour son rôle présumé dans les violences de Mandakao, au sud du pays.
Président du parti Les Transformateurs et ancien Premier ministre de la Transition, Masra est détenu depuis son interpellation le 16 mai à son domicile dans la capitale. Le parquet l’accuse d’avoir incité à des troubles ayant causé la mort d’une quarantaine de personnes. Une bande audio datant de mai 2023, dans laquelle il appellerait la population à s’armer contre des groupes terroristes, constitue l’élément clé du dossier.
Ses avocats, qui n’ont pas fait de déclaration à l’issue de l’audience, dénoncent un « complot » politique, rappelant que cet enregistrement avait déjà servi de fondement à un mandat d’arrêt international en 2023, levé après la signature de l’accord de Toumaï. Ils pointent également le caractère tardif de la plainte, déposée le jour même de l’arrestation de leur client.
De son côté, Les Transformateurs évoquent une « instrumentalisation de la justice » par le pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno et accusent le régime de vouloir écarter une figure politique montante. Le parti conteste la légalité de certaines preuves, notamment des données extraites de téléphones saisis lors d’une perquisition sans mandat.
Face à cette situation, le mouvement appelle à la mobilisation des citoyens, des partenaires internationaux et des défenseurs des droits humains, estimant que l’affaire menace la stabilité du pays et la crédibilité de ses institutions.