Ils sont 194. Civils et militaires, hommes et femmes, désignés par les huit régions du Niger ou directement nommés par les autorités en place. Ce samedi, ils ont officiellement pris leurs fonctions lors d’une cérémonie retransmise en direct sur la télévision publique. Ils forment le Conseil consultatif de la refondation (CCR), un organe créé par ordonnance du président de transition, le général Abdourahamane Tiani, en avril 2025.
Présidé par Mamoudou Dingarey, ancien haut fonctionnaire de l’ONU, le CCR a pour mission d’accompagner la transition en cours dans un Niger gouverné par les militaires depuis le coup d’État de juillet 2023. Il remplace de fait l’Assemblée nationale dissoute dans la foulée de la prise de pouvoir par les putschistes.
Le Conseil n’a pas de pouvoir législatif, mais il est chargé de rendre des avis et de formuler des recommandations sur les grandes orientations nationales. Sa création s’inscrit dans le cadre de la Charte de la refondation, un document adopté pour encadrer la transition politique au Niger.
« La refondation d’un pays est un exercice difficile, parfois curieux, mais toujours couronné de succès pour les peuples résilients », a déclaré Mamoudou Dingarey lors de la séance d’ouverture, appelant les membres du Conseil à agir « dans l’intérêt supérieur de la nation ».
Le contexte est marqué par de lourds défis sécuritaires marqués par des attaques djihadistes persistantes, la criminalité transfrontalière, l’isolement diplomatique après la rupture avec la France et les sanctions ouest-africaines. Dans ce climat, le CCR apparaît comme une tentative de structuration institutionnelle pour justifier et soutenir le processus de transition.
La cérémonie d’installation a été marquée par la présence de représentants de pays voisins ayant eux aussi connu des coups d’État : le Mali, le Burkina Faso et le Tchad. Tous entretiennent des relations étroites avec Niamey. Le Niger, le Mali et le Burkina ont même formé en 2024 une Confédération des États du Sahel (AES), destinée à coordonner leurs politiques sécuritaires et institutionnelles en dehors du cadre de la CEDEAO.
Selon les autorités, les nouvelles chambres consultatives des trois pays doivent se réunir prochainement pour une première session conjointe au Burkina Faso. Une initiative inédite dans la sous-région, qui suscite autant d’interrogations que de crispations.