Conseiller spécial du président béninois Patrice Talon et administrateur permanent au sein du Groupe de la Banque islamique de développement, Zul Kifl Salami plaide pour une exploitation stratégique des fonds arabes en soutien à la transformation économique du Bénin et de l’Afrique. Invité à une rencontre de haut niveau sur l’avenir des banques africaines, il revient sur l’importance des garanties, la résilience post-Covid et le rôle moteur du chef de l’État béninois dans la structuration d’un écosystème propice aux investissements.
Pour Zul-Kifl Salami, les petites et moyennes entreprises constituent « le cordon ombilical » de l’économie béninoise. C’est dans cet esprit qu’a été lancé, en partenariat avec les pays du Golfe, le Fonds arabo-africain d’investissement, destiné à accompagner les PME sur les plans financier, technologique et organisationnel. « Ces structures méritent un accompagnement sur le savoir, le financement et la gouvernance », insiste-t-il.
Zul-Kifl Salami n’a pas manqué de saluer les réformes entreprises par le président Patrice Talon. Pour lui, l’attractivité du Bénin pour les investisseurs internationaux tient à « un environnement des affaires plus porteur qu’auparavant », intégrant à la fois la gouvernance, les infrastructures et la stabilité économique. Il évoque à ce titre l’accueil de grandes rencontres internationales au Sofitel de Cotonou, symbole d’un Bénin en mutation.
Ancien ministre de l’Économie et du Plan, Zul-Kifl Salami revient également sur un épisode marquant : la sauvegarde du Fagace. Alors que le démantèlement du CAM (Conseil de l’Entente) menaçait d’emporter avec lui plusieurs institutions, dont le Fonds de coopération économique basé à Cotonou, le Bénin a su mobiliser les chefs d’État de la région pour défendre cette structure. L’institution est aujourd’hui devenue le Fonds de Garantie et de Coopération économique (Fagace), avec un siège modernisé à Cotonou, et un avenir prometteur.
Les fonds arabes, une piste stratégique
Pour garantir un développement économique soutenu, Zul-Kifl Salami insiste sur la formation et le renforcement des capacités. Le concept de garantie, pilier des mécanismes de financement modernes, requiert des compétences spécifiques. « La garantie est une culture, et c’est tout à l’honneur du président d’avoir créé l’Institut du Fagace pour former la jeunesse à ces métiers d’avenir », souligne-t-il.
Selon lui, les fonds souverains arabes représentent une opportunité encore sous-exploitée par les pays africains. Il cite les engagements récents du prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane, dont les promesses d’investissements massifs — jusqu’à 50 milliards de dollars — à destination de l’Afrique. Des initiatives confirmées lors de grandes conférences comme le sommet Arabie Saoudite – Afrique ou encore la COP 27 et la COP 29.
Enfin, Zul-Kifl Salami estime que pour transformer ces promesses en réalité, l’Afrique doit revoir sa gouvernance. « Il nous revient de nous définir en conséquence pour en profiter. Cela commence par l’amélioration de la gouvernance dans notre sous-région », affirme-t-il, avant d’exprimer son espoir que les initiatives portées par le Fagace et les institutions partenaires constituent un nouveau départ pour les économies de l’UEMOA et du continent.