Invité sur les ondes de Cap FM, l’homme politique Iréné Agossa s’est exprimé ce dimanche 6 juillet sur la récente rencontre entre deux figures majeures de la vie politique béninoise: l’ancien président Boni Yayi et l’ex-président de l’Assemblée nationale Adrien Houngbédji.
Pour Iréné Agossa, le rapprochement entre deux anciens adversaires politiques n’est pas en soi un événement extraordinaire. Il rappelle que Houngbédji avait été un fervent opposant à la gouvernance de Boni Yayi, notamment à travers des discours très critiques. Leur rencontre aujourd’hui illustre, selon lui, une certaine maturité politique et une tolérance caractéristique du contexte béninois.
Cependant, il estime que les Béninois ne sont pas préoccupés par ces rencontres. Ce qui intéresse les citoyens selon lui, ce sont les questions de développement, de gouvernance, de sécurité et d’emploi. Pas les retrouvailles entre deux anciens dirigeants.
Construction contre destruction: une culture à transformer
Iréné Agossa a profité de cette tribune pour défendre sa propre évolution politique, rappelant qu’il avait été opposé au président Patrice Talon avant d’en venir à soutenir aujourd’hui certaines de ses réformes. Une posture qu’il revendique sans détour : « Je suis dans la logique de la construction du pays. Ce que je fais avec le président Talon n’est pas différent de ce que Yayi et Houngbédji font ensemble », martèle t-il.
Il apporte néanmoins une nuance. La seule différence, indique t-il, c’est que dans notre culture politique, on s’unit trop souvent pour détruire, rarement pour bâtir.
Selon lui, de nombreux observateurs espèrent que ce rapprochement entre Houngbédji et Yayi serve à affaiblir le pouvoir en place, notamment en s’attaquant aux réformes engagées. Une perspective qu’il juge dangereuse: « Ceux qui attendent que cette entente débouche sur une entreprise de démolition sont dans une logique de haine.
Une lecture critique de la stratégie d’Adrien Houngbédji
Agossa a également pris position sur la posture actuelle du président du PRD, notamment sur la question de la fusion de son parti avec l’Union Progressiste: Personne ne lui a arraché son PRD. Il a lui-même choisi la fusion, affirme t-il.
Pour lui, ce n’est ni un mariage ni une cohabitation. C’est une fusion, et quand deux entités fusionnent, elles cessent d’exister pour donner naissance à une nouvelle, clarifie-t-il.
Il dénonce ce qu’il considère comme une stratégie politique dépassée, mêlant regrets et ressentiments. Selon Iréné Agossa, aussi bien Yayi Boni que Houngbédji jouent à la victimisation. L’objectif selon lui, c’est de ranimer et d’aiguiser la haine naturelle du béninois afin qu’ils les aident à détruire les réformes du président Talon.
Adrien Houngbédji continue d’estimer qu’on lui a volé son parti. C’est une forme de dilatoire, affirme-t-il. S’il n’est plus à l’aise dans cette fusion, il peut créer un nouveau parti, c’est l’unique solution qui s’impose à lui, précise-t-il.
Pour Iréné Agossa, la scène politique béninoise gagnerait à s’inspirer de pays qui ont su dépasser les clivages internes pour se concentrer sur l’essentiel. La Chine, il y a 50 ans, était un pays non aligné comme le nôtre. Ils ont mis fin aux querelles stériles pour se consacrer à la construction nationale, rappelle-t-ilp.. Nous devons sortir de cette politique de la ruse et de la rage, a-t-il fait savoir.
L’ancien candidat à la présidentielle conclut en appelant les acteurs politiques à dépasser les rancœurs et à inscrire leurs actions dans une dynamique constructive, tournée vers l’avenir.