Créé en 2010 à l’initiative du gouvernement français, à la suite d’un sommet du G8, le Fonds Muskoka s’engage résolument dans la lutte contre les mutilations génitales féminines en Côte d’Ivoire. Ici, une femme sur trois est touchée par cette pratique, héritage d’un passé douloureux qui continue d’affecter des milliers de vies.
Sur les routes animées qui mènent à Abidjan, Adèle Koue Sungbeu avance avec dignité, sa démarche empreinte de fierté et son sourire lumineux témoignant d’un renouveau intérieur. À 45 ans, cette mère de trois fils a vécu l’excision à l’adolescence, mais aujourd’hui, elle se sent enfin entière, ayant récemment bénéficié d’une opération de réparation.
Adèle fait partie des 28 femmes ivoiriennes dont les vies ont été transformées lors d’une mission chirurgicale menée à l’hôpital public de Treichville. Ce programme, soutenu par le Fonds Muskoka, a permis de réaliser des interventions cruciales sur des femmes ayant subi des mutilations génitales. À la tête de cette initiative, la chirurgienne-obstétricienne Sarah Abramowicz, une pionnière dans le domaine de la réparation génitale féminine en France, a contré la chaleur écrasante avec une détermination sans faille.
Avec une équipe réduite – un assistant et un anesthésiste – Sarah a accueilli Adèle, venue en compagnie de sa petite sœur et de cousines. Leur objectif ? Réparer les séquelles de l’excision qui ont pesé sur la vie d’Adèle pendant tant d’années. Après l’opération, cette mère, en instance de divorce, confie dans un rire partagé : « J’ai longtemps cherché à me faire réparer, mais c’est tellement délicat, on ne sait pas vers qui se tourner. Quand j’ai su que des médecins venaient d’ailleurs, j’étais si émue ! » Un éclat de sincérité émanait de ses paroles, offrant un aperçu de ce que signifie retrouver une part de soi.
La mission de réparation menée par le Fonds Muskoka ne se limite pas à l’acte chirurgical ; elle s’inscrit dans une volonté plus large de sensibiliser et de mettre fin à une pratique qui continue d’entraver les droits des femmes. Alors que ces femmes prennent la parole pour raconter leur parcours, elles se dévoilent non seulement comme des victimes, mais aussi comme des survivantes, héroïnes de leur propre récit.
Ce changement de réalité, porté par la collaboration internationale, est un pas vers la dignité retrouvée. Pour des femmes comme Adèle, cette opération est plus qu’un acte médical, c’est une affirmation de leur identité et un espoir fou de voir les regards changer.