Réuni à Abuja ce 20 juin 2025 à l’occasion du sommet de la CEDEAO, le président béninois Patrice Talon a livré un discours sur sa lecture des causes du sous-developpement en afrique et a appelé à un changement de cap dans la dynamique d’intégration régionale. Pour lui, l’Afrique ne manque pas d’idéaux, mais peine à transformer ses ambitions en réalité.
Pour Patrice Talon, l’Afrique a les mêmes idéaux que le reste du monde et ce n’est pas la volonté de changement et de developpement économique qui manque aux Africains, mais l’Afrique demeure sous-développée parce que les Africians ne parviennent pas à faire aboutir leurs idéaux. « Et notre échec principal, qui est la cause de notre sous-développement, c’est bien notre incapacité à mettre en œuvre notre idéal », a lancé le chef de l’État béninois devant ses pairs en pointant la responsabilité collective de l’ensemble des dirigeants et des administrations africaines, du sommet de l’État jusqu’aux échelons les plus bas.
Aussi, le président béninois n’a pas hésité à élargir sa critique. A l’en croire, « ce sont donc l’ensemble des divers responsables de l’Afrique, du plus haut niveau jusqu’au plus bas, qui sont responsables de la non-mise en œuvre de notre idéal. » C’est pourquoi il a salué l’appel de son homologue nigérian, Bola Ahmed Tinubu, en faveur d’une action commune pour l’intégration économique, tout en insistant sur la nécessité pour chaque dirigeant, chaque ministre et chaque cadre administratif d’assumer sa part de responsabilité dans les difficultés rencontrées par le continent.
« Notre échec principal, et qui est la cause de notre sous-développement, c’est bien notre incapacité à mettre en œuvre notre idéal. Cette responsabilité est partagée par tous les niveaux de l’administration et des gouvernements africains », a-t-il affirmé, appelant à une mobilisation collective des élites et des cadres pour « prendre un nouveau départ » et inscrire l’intégration économique dans les faits.
Le président béninois a également mis l’accent sur l’impact de l’inefficacité administrative dans ce sous-developpement de l’Afrique. « L’administration ne fait pas ce qu’il faut, et nos populations et nos hommes d’affaires sont obligés de contourner les obstacles de l’administration, d’avoir affaire à l’informel pour échanger entre les communautés d’un pays à l’autre. » Selon lui, l’intégration réelle se construit malgré les blocages institutionnels, portée par la vitalité des populations et leur capacité à innover en dehors des circuits officiels.
Dans un contexte de repli sur soi des grandes puissances, Talon a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de rompre avec la dépendance à l’aide internationale. « La coopération internationale n’est plus aujourd’hui un idéal universel. L’aide internationale n’existe plus et n’existera plus. Notre seul moyen de sortir de la pauvreté, c’est que nous fassions les efforts qu’il faut sur nous-mêmes pour nous développer. » Il a ainsi invité les pays africains à tirer les leçons de la défense acharnée des intérêts nationaux par les États-Unis et à engager une nouvelle dynamique d’autonomie et de solidarité régionales.
« Les États-Unis sont en train de défendre leurs intérêts au centime près, au mépris de la coopération internationale. Nous devrions saluer ce coup de fouet qui nous est donné et nous réveiller. »
Patrice Talon a enfin plaidé pour que le Bénin et le Nigeria soient les pionniers d’une intégration économique effective au sein de la CEDEAO. « Nous avons des textes extraordinaires concernant l’économie, concernant l’intégration, mais on n’a pas beaucoup bougé. Le Bénin est prêt à franchir une étape réelle, concrète d’intégration économique avec le Nigeria. » S’adressant directement aux membres de son gouvernement et à ceux du Nigeria, il les a exhortés à transformer cette volonté politique en actes concrets.
« J’interpelle mes ministres, j’interpelle les ministres du président Tinubu, pour que notre instruction d’aller plus loin dans notre intégration soit une réalité. Et c’est désormais de leur responsabilité. »