Deux hommes ont comparu ce lundi 2 juin 2025 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour avoir relayé, via les réseaux sociaux, de fausses informations concernant Soumaïla Yaya, ex-directeur général de la police républicaine.
L’affaire remonte à début mars 2025, lorsque des publications faisant état d’une prétendue fuite de l’ancien DGPR vers le Nigeria ont envahi la toile. Selon ces allégations, quatre milliards de FCFA auraient été découverts à son domicile, ce qui aurait précipité sa fuite. Rapidement relayée sur plusieurs plateformes, la rumeur a suscité un vif émoi au sein de l’opinion publique.
Une enquête du Centre national d’investigations numériques (CNIN) a permis de remonter jusqu’à deux individus interpellés à Parakou: Anagovo Barnabé, alias Prince, et Ouorou Gani Bio Aliou, qui se présente comme un roi.
Présentés à la CRIET dès le 9 mars 2025, les deux hommes ont été placés sous mandat de dépôt. Lors de leur comparution du 2 juin, le parquet spécial a reconnu qu’aucun des deux n’était l’auteur initial de l’information. Toutefois, leur rôle actif dans la propagation de la fausse nouvelle est mis en cause.
Initialement poursuivis pour « publication de fausses nouvelles et harcèlement par système électronique », les faits ont finalement été requalifiés en « publication de fausses nouvelles », en vertu de l’article 550 du Code du numérique.
À la barre, Prince a reconnu avoir partagé l’information dans deux groupes WhatsApp, tout en affirmant ne pas en être l’initiateur. Son co-prévenu, Gani Bio Aliou, a de son côté déclaré qu’il avait simplement partagé une image liée à une cérémonie funèbre, sans réaliser qu’elle contenait une fausse allégation visant Soumaïla Yaya.
Pour le ministère public, peu importe l’intention initiale: les deux hommes ont contribué à amplifier une rumeur grave, jetant le discrédit sur une autorité publique. C’est ce qui justifie la sévérité de la peine requise: six mois de prison ferme et un million de francs CFA d’amende chacun.
La défense plaide la bonne foi
L’un des avocats des accusés, Me Aboubakar Baparapé, a plaidé la relaxe pure et simple. Selon lui, le dossier repose davantage sur une volonté de faire un exemple que sur des preuves tangibles d’une intention de nuire. Il a souligné la bonne foi de ses clients et dénoncé un procès du « plus fort contre le plus faible ».
« On leur reproche d’avoir partagé une information qu’ils n’ont ni inventée, ni sciemment manipulée. Ce sont des citoyens ordinaires qui ont été happés par la viralité du numérique. », a affirmé Me Baparapé.
À l’issue des débats, la Cour a mis le jugement en délibéré. Le verdict est attendu pour le lundi 7 juillet 2025. Une décision très attendue, dans un contexte où la régulation de l’espace numérique et la lutte contre les fake news deviennent des enjeux de gouvernance.